3.17. REVOLTE A LA MAISON

 

ERIC, ANNIE, MATT, MARY, LUCY ET ROSIE SONT DANS LE CORRIDOR. ILS CIRCULENT DANS LE NOIR AVEC UNE LAMPE DE POCHE ET APERCOIVENT QUELQU’UN DANS LA CHAMBRE DE SIMON.

MARY : Qu’est ce que c’est ?

LUCY : J’espère que ce n’est pas un voleur.

ERIC : En tout cas, si c’est un voleur, il n’est pas très malin.

ROSIE : Mais non, voyons. C’est Simon.

EFFECTIVEMENT, IL EST A LA RECHERCHE DE SA BAGUE CLIGNOTANTE ROUGE. EN LES VOYANT ARRIVER, IL EST TRES SURPRIS.

SIMON : Qu’est-ce que vous faites debout ? Je cherche mon ancienne bague lumineuse rouge … Ne restez pas là ! Aidez-moi.

ROSIE : Tu ne portes jamais cette bague

ANNIE : Ca, c’est vrai et puis, tu as passé l’âge de faire appel au pouvoir de ta bague.

ERIC : Si tu ne l’as pas fait, fais-le rapidement. Il est une heure du matin.

SIMON : Ecoutez, j’ai hérité de Lucy de la position maudite de l’enfant du milieu et voilà que ma bague porte-bonheur a disparu, alors que j’en ai besoin pour me protéger de la malédiction d’être devenu l’enfant du milieu.

MARY : On lui fait sa fête tout de suite ou demain matin ? (Pleurs de Sam et David)

ERIC, ANNIE ET ROSIE : Tout de suite.

SIMON : Vous voyez ? Je n’ai pas de chance. Je suis maudit.

CES SIX PERSONNES ENTRENT DANS LA PIECE.
 

GENERIQUE

 

MATT EST DANS LA CUISINE. IL PENSE À SON FUTUR METIER. IL SOUHAITE S’ENGAGER DANS L’ARMEE.

MATT : Miséreux … voleur … docteur … (Eric arrive)

ERIC : Euh … t’as choisi ta matière principale ? … Ah ben, non, étant donné qu’on est au milieu du second semestre et que je ne t’ai pas entendu parler de ce que t’avais choisi comme matière principale … euh … ouais … et comme c’est moi qui prends en charge tes frais de scolarité, je me demandais si …

ANNIE : Eric, euh … tes clients t’attendent dans le salon, mon chéri.

MATT : Tes clients ?

ANNIE : Mais, euh … comment dois-je les appeler ?

MATT : Des paroissiens mentalement dérangés, des … (Il ajoute en riant) des grenouilles de bénitier.

ERIC : En tout cas, ne fais pas un doc de psychologie, hein. (Annie rit) Pourquoi ils ne sont pas dans mon bureau ?

ANNIE : Euh … qui ?

ERIC : Les … des grenouilles ?

ANNIE : Ah ! Parce que les deux bébés les plus beaux qu’on ait jamais vus sont dans le salon et que les gens se pressent pour les voir. Hum !

ERIC ET ANNIE QUITTENT LA PIECE.

 

DANS LE SALON, ROSIE CHERCHE A ATTIRER L’ATTENTION AUPRES D’UN COUPLE : TED ET EMILY GRANT. ELLE JOUE LES ACROBATES, POUSSE D’UN GRAND CRI. ERIC ET ANNIE ENTRENT DANS LA PIECE.

EMILY (à Eric et Annie) : Ce sont vraiment les plus beaux bébés du monde.

ANNIE : Merci.

EMILY : J’aimerais tant convaincre Ted d’avoir des enfants.

TED : Euh … je n’ai absolument rien contre le fait d’avoir des enfants.

EMILY : Ah oui ? Vraiment ? Et depuis quand ?

TED : Euh … je …

EMILY : Tu fais bonne figure devant le Révérend.

TED : Ho ! Ho !

EMILY (à Eric et Annie) : Il déteste les enfants. Pas les vôtres, bien sûr. Comment ne pas les aimer ?

ROSIE : C’est très simple. Venez dormir une nuit à la maison.

TED : Ecoute, nous sommes venus pour rencontrer le Révérend Camden et il nous attend.

EMILY : Ah ! C’est vrai.

ERIC : Euh … voulez-vous passer dans mon bureau ?

TED ET EMILY S’APPRETENT A QUITTER LE SALON.

TED (à David et Sam) : Au revoir.

ERIC ET CES DEUX PERSONNES AUSSITOT PARTIS, ANNIE PARLE À ROSIE.

ANNIE : Merci d’avoir fait patienter Emily et Ted. Tu m’as rendu un immense service.

ROSIE (mécontente) : Ouais, ouais, je sais.
 

ERIC AMENE TED ET EMILY DANS SON BUREAU. IL FERME LA PORTE.

ERIC : Et voilà ! Je vous en prie. (Ils s’installent)

TED : Je demande le divorce.

EMILY (choquée) : Pardon ?

TED : Le divorce. Je demande le divorce.

EMILY : C’est pour m’annoncer ça que tu m’as amené ici ?

TED : Euh … je pensais que tu serais bouleversée. Je voulais que tu trouves un peu de réconfort.

EMILY : Tu pensais que je serais bouleversée ?

ERIC : Euh … peut-être devrions-nous faire un petit peu marche arrière ?

TED : Non, tout ce que je veux, c’est aller de l’avant. Je ne pourrai pas rester marié avec toi, une seconde de plus.

ERIC : Et depuis quand éprouvez-vous ça ?

TED : Des années, mon Révérend. Je ne pouvais pas me résoudre à le lui dire. Emily, je ne veux pas que tu souffres.

EMILY : Des années ?

TED : Oui, des années. Durant toutes ces années, je me suis efforcé d’étouffer ce malaise en moi, mais … mais je n’ai pas pu.

ERIC : Attendez ! Attendez ! Il me semble que vous devriez en discuter maintenant que … eh bien, que votre femme connaît votre malaise.

TED : Non ! Comme vous dites, je ne reviens pas sur ma décision.

EMILY (en criant) : Et cela fait des années ?

TED : Oui, Emily. Je suis sincèrement navré, mais je ne vois pas d’autres moyens de résoudre la question.

EMILY : Eh bien, moi si, j’en ai un. J’ai bien envie de te tuer.

ERIC : Voyons, voyons. Il y a toujours une solution à un problème. Peut-être que vous devriez …

TED : Non ! C’est … c’est la seule solution. J’ai déjà fait préparer tous les papiers. Emily, je te laisse tout. Je veux simplement qu’on en finisse. Tout ce que je désire garder, c’est ce que j’avais avant notre mariage, c’est-à-dire, mes vêtements et ma voiture.

EMILY : Comme c’est gentil ! Au moins, ces quinze années n’auront pas été complètement perdues, finalement. Il me reste la porcelaine du mariage et toutes les choses en cristal que je ne vais pas jeter contre le mur. Hum ! Des années !
 

SIMON EST DANS LA CHAMBRE. IL TENTE DE METTRE UN FER À CHEVAL AU DESSUS DE LA PORTE. EN LA FERMANT, IL TOMBE. SIMON SE MET À SOUPIRER. ROSIE ARRIVE, COMPLETEMENT PERTURBEE.

ROSIE (excédée) : Ces bébés ! Ces bébés ! Ces bébés ! On croirait que les gens n’ont jamais vu de bébé de leur vie. Même quand ils font dans leur couche, les gens leur crient « bravo ». Vraiment, ce n’est pas juste.

SIMON : Tu as raison. Mais laisse tomber, ça ne va pas changer. Tout ce qui a changé, c’est ma chance. Il faut que je la récupère. Tu n’as pas rompu la chaîne, tu as fait les trois lettres ?

ROSIE : La première à Simon Camden, la deuxième à Maître Simon Camden et la troisième à Senior Simon Camden. C’est de l’espagnol.

SIMON : Rosie, tu peux me rendre la première lettre que je t’avais donnée ? Tu devais répondre en envoyant à trois personnes autres que moi. C’est essentiel. Autrement, la chaîne est brisée et le mauvais sort va s’abattre sur toi.

ROSIE : Le mauvais sort s’est déjà abattu sur moi quand les jumeaux sont arrivés à la maison.

ELLE S’EN VA. SIMON ESSAIE LE SEL PAR-DESSUS SON EPAULE.

SIMON : Même chose. (Grandement de Happy)
 

DANS LA CUISINE, MARY ET LUCY SE PARLENT.

MARY : Il faut que je sorte, sinon, je vais devenir dingue.

LUCY : Comment veux-tu qu’on sorte de la maison ?

MARY : Ben, peut-être en nous rendant vraiment, vraiment utile. Proposons notre aide pour la maison.

LUCY : On n’arrête pas. C’est pour ça qu’ils nous retiennent, justement. On va au devant de leur besoin. Ah ! J’ai une idée. Peut-être que si on utilise toute la lessive de la maison, maman nous enverra au supermarché pour en racheter. La lessive, c’est ce qu’elle utilise le plus, ici. C’est son arme secrète. Oui, la lessive, c’est la solution, ça … ou du lait ! On a toujours besoin de lait.

MARY OUVRE LE FRIGO.

MARY : Il y en a tout un stock. (Frigo fermé) Une combine ! Il faut qu’on trouve une combine.

LUCY : Oh ! Je sais. On se dirige vers la voiture en ayant l’air parfaitement naturel. On monte et on s’en va. Ils ne remarqueront rien.

MARY : Tu parles ! J’ai déjà essayé et ils ont remarqué.

LUCY : Il n’y a que la lessive, alors.

SIMON ARRIVE ET COLLE UN MESSAGE SUR LA PORTE DU FRIGO.

SIMON : J’offre une récompense à toute personne qui retrouvera ma bague porte-bonheur. Vous avez envoyé un double de ma lettre à trois de vos amis.

MARY : Si je le faisais, je suis sûre qu’il ou elle ne resterait pas mes amis bien longtemps. De toute façon, c’est du pipeau.

LUCY : Ben, moi, je pense que je vais la transmettre. Cet an-ci, je dois dire que j’ai pas mal de chance si je veux que ça continue.

SIMON : Il faut me croire. Une malédiction plane au dessus de ma tête, en ce moment. Et s’il vous plaît, ne brisez pas la chaîne. (Il s’en va)

MARY : Il faut trouver le moyen de sortir d’ici.
 

MATT GARE SA VOITURE DEVANT DE CENTRE DE RECRUTEMENT DE L’ARMEE.
 

ERIC CONTINUE A PARLER A EMILY ET TED.

TED : Emily, je t’aime comme au premier jour.

EMILY : Tu m’aimes tellement que tu prends unilatéralement la décision de me quitter.

ERIC : Vous pourriez peut-être prendre un petit café et laisser à Emily le temps de digérer cette nouvelle. Je … je … je sais … je sais ce que ça peut être.

EMILY : Hum ! J’ai passé les quinze dernières années avec lui et pardonner le cliché et ce furent les plus belles années de mon existence.

TED : Ce furent de belles années pour moi aussi. Ce que je veux dire, c’est que … c’est que je crois que nous avons peut-être de belles années devant nous mais pas forcément ensemble.

ERIC : Vous n’avez peut-être pas besoin d’un café, finalement.

EMILY (à Ted) : Tu as perdu la tête ? Parce que si c’est le résultat d’un trouble mental, je pourrais peut-être le comprendre, tu sais. (Elle ajoute en hurlant) Sinon j’aurais passé les meilleures années de ma vie avec un menteur et un lâche.

TED (en hurlant) : Ecoute, ma valise est faite. Je vais déménager. Je te laisse absolument tout. Je te laisse la maison et la nouvelle voiture. Je lui laisse absolument tout.

EMILY : Tu veux tout me laisser ? Alors, je veux que tu me rendes ces quinze années. Rends-les moi.

TED : Emily, essaie de prendre un peu sur toi. Enfin, ce n’est pas comme si j’en aimais une autre, simplement, ça … ça … ça ne marche plus entre nous deux. Je n’y crois plus … S’il te plaît, essaie au moins de me comprendre.

EMILY (à Eric) : Vous, est-ce que vous le comprenez ?

ERIC : Euh …
 

DANS LE SALON, ROSIE SE TROUVE FACE A UN AUTRE COUPLE.

ROSIE (en criant): Prenez ma femme, s’il vous plaît.

L’HOMME (à l’un des jumeaux) : Alors, qu’est-ce qu’il y a ? Tu nous fais un sourire ?

ROSIE : Vous ne connaissez pas la meilleure ? … Allo … Il est branché, ce truc. (Annie arrive)

ANNIE : Merci, Rosie. Je prends la relève. Merci, tu es vraiment un amour. (Elle l’embrasse)

ROSIE : Merci, vous avez été un public formidable.

ANNIE (en riant) : Quel clown !
 

ENSUITE, ON VOIT EMILY HURLER À TED À L’ENTREE.

EMILY (en hurlant) : Je croyais que c’était ma voiture, dorénavant.
 

MARY ET LUCY VEULENT SE SENTIR UTILE. ELLES ACCOURENT VERS ERIC.

MARY : On peut ramener quelqu’un ?

ERIC : Non, non, non.

MARY ET LUCY S’EN VONT. ERIC SE DIRIGE VERS LE SALON ET SE TOURNE VERS EMILY.

EMILY : Eh bien, ça a été une très bonne séance. Mon mari vient de me plaquer. Mais je me console, j’ai, paraît-il, mes meilleurs années devant moi. (Soupir) .

ERIC (en parlant au jeune couple qui l’attendait dans le salon) : C’est à vous, maintenant.

ROSIE : Je vous souhaite bonne chance. Ah oui, évidemment. Maintenant, ils font tous attention à moi.

DAVID ET SAM PLEURENT. ANNIE LES CALME. PUIS ERIC EMMENE CE COUPLE DANS SON BUREAU.

ERIC : Allez, venez. Je vous en prie.
 

MATT A UN ENTRETIEN AVEC LE RECRUTEUR DE L’ARMEE, LE Sgt. REYNOLDS.

MATT : Il faut que je signe pour combien d’années pour pouvoir me payer mes études ?

Sgt. REYNOLDS : Si vous signer pour deux ans, ce sera vingt-cinq. Pour trois ans, ce sera trente-trois. Pour quatre ans, ça monte à cinquante mille.

MATT : Vous voulez dire « cinquante mille dollars » ?

Sgt. REYNOLDS : Oui, cinquante mille dollars. Il y a une épreuve de trois heures, math, anglais, mécanique, électricité. C’est un test d’aptitude.

MATT : Ben, je crois que je peux m’en sortir.

Sgt. REYNOLDS : J’en suis persuadé.

MATT : Et après ça ?

Sgt. REYNOLDS : Après ça, visite médicale et entrevue avec un conseiller. L’armée vous assure même une formation dans la spécialité qui vous intéresse dans la mesure des disponibilités. Vous avez déjà fait un choix ?

MATT : Ouais, j’ai choisi … j’ai choisi l’Armée de l’Air.

Sgt. REYNOLDS : L’Armée de l’Air ? Excellent ! On a besoin d’homme dans l’Armée de l’air.

MATT (en riant) : Ouais.

Sgt. REYNOLDS : Vous voulez commencer ?

MATT : Pourquoi pas ? J’ai un peu de temps à perdre. Enfin, façon de parler.

IL S’APPRETE A SIGNER SON CONTRAT.
 

PENDANT CE TEMPS, DANS LA CUISINE, ANNIE DISCUTE AVEC EMILY QUI PREPARE DU THE.

ANNIE : Ca fait des années que je n’ai pas utilisé la théière. Je mets les sachets de thé directement dans la tasse, généralement.

EMILY : Je suis désolé. La routine, je trouve ça rassurant. Quand Ted rentre, on prend le thé à quatre heures. Et puisque je vous dis tout, nous faisons l’amour à cinq heures et on dîne à six.

ANNIE : Ha ! Ha ! Ha ! Et nous, nous n’avons jamais le temps de prendre le thé. Hé ! Hé ! Hé ! Hé ! Hum … Que s’est-il passé ?

EMILY : Très franchement, je l’ignore. Il avait l’air heureux. Je lui donnais tout ce qu’il voulait. C’est moi qui ai cédé à son désir de ne pas avoir d’enfant, que je reste à la maison, que je ne travaille pas. Tout cela, c’est lui qui le voulait. (Eric arrive)

ERIC : Emily, je peux vous recevoir, maintenant, si vous le voulez.

EMILY : Oh ! Non merci. Annie sait très bien écouter.

ERIC (tout bas) : Aaah !

ANNIE : Emily fait du thé et sans micro-onde. Ha ! Ha ! Hmm …

ERIC : Original. (Il fait signe à Annie de quitter la pièce)

ANNIE (à Emily) : Oh ! Euh … excusez-moi un instant, je reviens.

EMILY : Je vous en prie.

ANNIE QUITTE LA PIECE. ELLE ET ERIC SE PARLENT.

ERIC : Chut ! (Il ferme la porte) Peut-être devrais-tu conseiller à Emily de venir me voir dans mon bureau ? Je ne voudrais pas qu’elle rentre chez elle sans avoir eu le temps de me parler.

ANNIE : Oh ! Chut ! Je ne crois pas qu’elle veuille te parler. C’est à moi qu’elle veut parler. Elle est résignée à rentrer seule.

ERIC : Excuse-moi pour tout ce dérangement. Ca m’ennuie de t’imposer ces gens-là à la maison, toute la journée.

ANNIE : Ca ne fait rien. J’aime bien Emily.

ERIC : Tu … tu ne trouves pas ça bizarre qu’elle soit venue me demander de l’aide et maintenant la voilà euh … qui prépare du thé euh …

ANNIE : Non. Et je suis sûre que ce que toi, tu trouves bizarre, c’est qu’elle t’ait demandé de l’aide mais que maintenant, c’est moi qui suis en train de l’aider.

ERIC : Nooon ! Pas du tout. Je n’ai rien contre le fait que des femmes puissent s’entraider. (Annie murmure) Je n’ai rien contre le fait que tu rendes service à Emily, mais … c’est moi qui suis censé lui apporter de l’aide et je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure approche.

ANNIE : Bien sûr que non. Mais c’est du vrai thé à l’anglaise et c’est délicieux.

ANNIE ENTRE DANS LA CUISINE.

ERIC : Je n’ai absolument rien contre le fait que les femmes puissent s’entraider.

ANNIE REVIENT DE LA CUISINE AVEC QUELQUE CHOSE À GRIGNOTER.

ANNIE : Elle est à toi.

ERIC : Très bien.

ANNIE : Je lui ai dit que je devais surveiller les bébés.

ERIC : Formidable !

ANNIE : Et elle a fait des sandwiches au concombre. (la bouche pleine) Hmm ! Hmm !
 

ROSIE ANIME UN THEATRE DE MARIONNETTES DANS SA CHAMBRE, PRENANT EN SPECTATRICE, DEUX DAMES DE LA PAROISSE.

ROSIE : Adieu, mon bébé. Adieu, Moïse. Je vais te placer dans ce panier afin que le fleuve t’emporte. Bon voyage, même si je ne te revoie plus jamais. (Annie arrive)

ANNIE : Oh ! (Grognement de Happy) Bonjour, Carole et Louise. Comment allez-vous ?

CAROLE : Annie ! Nous sommes venues voir vos bébés

LOUISE : Rosie nous a dit qu’elle allait nous divertir jusqu’à ce qu’ils se réveillent. Et c’est ce qu’elle fait maintenant, depuis une heure.

CAROLE : Comment ? Cela fait seulement une heure, Louise ?

LOUISE : Malheureusement, nous devons partir.

ROSIE : Déjà ? Mais Moïse ? Et puis … et puis le buisson ardent ?

LOUISE : La Mer Rouge l’a éteint en se refermant.

ROSIE : Qu’est-ce que c’est que ça ?

CAROLE : Tu mentirais à cette petite à propos de la Bible ?

LOUISE : Je suis prête à mentir s’il le faut. (Elle donne des paquets à Annie)

ANNIE : Oh ! Merci beaucoup. Venez voir les jumeaux. Rosie, tu ne veux pas montrer à ces charmantes dames tes deux petits frères ?

ROSIE : Non, je veux que les dames restent ici pour voir la fin du spectacle.

CAROLE : Excusez-nous, il faut qu’on se sauve. Vraiment !

ROSIE : Il faut que …

CAROLE : … qu’on se sauve. Oooh ! (Grognement de Happy)

ROSIE N’EST PAS TRES CONTENTE.
 

SIMON ARRIVE DANS LA SALLE A MANGER ET TOMBE SUR EMILY. IL SE MET A TREBUCHER.

EMILY : Ca va ?

SIMON : Oui, ça va, dans la mesure où je ne me suis pas fait mal. Mais ça ne va pas, car il n’y a personne dans la famille qui croit à l’efficacité des chaînes de lettres. Et ma chance est doublement menacée. Mais qui êtes-vous, au fait ?

EMILY (en lui serrant la main) : Aaah ! Je m’appelle Emily Grant. Je fréquente ton église.

SIMON : Oh oui, je crois que je vous ai déjà vue, effectivement. Vous êtes venue voir les bébés ?

EMILY : J’ai été enchantée de les voir, mais en fait, c’est ton père que je suis venue voir … pour une petite consultation.

SIMON : Aaah ? Vous croyez à la malchance ?

EMILY : Oooh oui. Je crois dur comme fer à la malchance. Je viens d’apprendre que je vais divorcer, bientôt. Alors, je peux y croire.

SIMON : J’y crois, moi aussi. Je suis condamné à attendre pour voir ce qui va m’arriver comme nouveau malheur.

EMILY : Et quel malheur tu as eu, jusqu’à présent ?

SIMON : Hum … je n’arrête pas de trébucher, de me casser la figure, en ce moment. Et je suis très maladroit. Les gens qui me connaissent savent très bien que je ne suis pas comme ça, normalement. (Soupir) Et j’ai aussi perdu ma bague porte-bonheur. Mais le pire est à venir. Je le pressens.

EMILY : J’aurais bien aimé pressentir ce qui m’est arrivé. Figure-toi qu’après quinze ans de vie commune, mon mari a décidé de partir.

SIMON : Des enfants ?

EMILY : Non. Et je le regrette.

SIMON : Vous vouliez en avoir ? Il paraît qu’il y a pleins de gens qui sont parfaitement heureux de ne pas en avoir. J’ai commencé à comprendre pourquoi. (Eric arrive)

ERIC : Je suis désolé, Emily. Toute la famille semble s’intéresser à vous.

EMILY : Oooh ! Oui. (Annie arrive)

ANNIE : Tous les membres de sa famille, surtout ceux qui se régalent du thé et des sandwiches que vous leur avez préparés.

ANNIE ET EMILY SE REGARDENT EN SOURIANT.
 

LUCY S’OCCUPE DANS LA CUISINE. EMILY LUI PARLE.

EMILY : Ce qui me met en colère, c’est que si j’avais fait des enfants au moment où je le voulais, je serais maman, maintenant. J’aurais une famille. Le temps que je me sente prête à sortir à nouveau, il me faudra des années pour retrouver un mari. Et alors, il sera trop tard.

LUCY : Vous pourriez avoir un enfant toute seule … ou en adopter un. (Eric arrive) Et puis, un parent, c’est mieux que pas du tout.

ERIC : Excuse-moi, Lucy. Vous êtes prête, Emily ?

EMILY : Oui, il va bien falloir que j’affronte ce moment. Ce qui va être le plus difficile, c’est peut-être le silence, le silence assourdissant.

LUCY : Ca dépend. Il ne tient qu’à vous de briser ce silence. (Lucy s’en va)

ERIC (tout bas) : Hum … oui … Je crois que je vais aller voir Ted et lui parler, car il me semble que le choix qu’il a fait de vivre seul, ce n’est peut-être pas le bon choix, en fin de compte.

EMILY ET ERIC SORTENT DE LA MAISON.
 

ANNIE, ROSIE ET LES JUMEAUX SE TROUVENT DANS LE SALON EN COMPAGNIE D’UNE DAME ET SA FILLE. (JOANNE, LA MAMAN ET GLENDA, LA FILLE). ET ENCORE UNE FOIS, ROSIE SE FAIT REMARQUER. ELLE JOUE LES MAJORETTES ET MET LA MUSIQUE À FOND.

ANNIE : Baisse le son, s’il te plaît. Oooh !

ROSIE NE L’ECOUTE PAS. IL PASSE LE BEBE À JOANNE ET ETEINT LE MAGNETOPHONE.

ANNIE : C’est un petit peu trop fort. Tu sais, ce sont deux petits bébés. Ils ont les oreilles extrêmement sensibles.

JOANNE : N’a-t-on jamais vu deux créatures plus adorables ? Ils sont magnifiques.

GLENDA SE LEVE ET DEMANDE A ANNIE OU EST SIMON.

GLENDA (d’un ton sec) : Simon est chez vous ?

ANNIE : Oui. Il … il est dans le jardin. Rosie, va le chercher, s’il te plaît.

GLENDA : Non. Ce n’est pas la peine. Je le trouverai bien. (Elle s’en va)

ROSIE : Oh ! Ca risque d’être drôlement intéressant.
 

MARY SE DIRIGE VERS LA SALLE À MANGER. ELLE VOIT UN SAC VIOLET SUR LA CHAISE. ELLE EN SORT UN PORTE-FEUILLE ET SE MET À L’OUVRIR. C’EST LE SAC D’EMILY.

MARY (en s’écriant) : Génial !

ELLE S’EMPARE DU SAC ET REMONTE DANS SA CHAMBRE. ELLE MANIFESTE SA JOIE EN DANSANT SUR SON LIT.

MARY (après avoir descendu de son lit) : Est-ce que tu sais ce que c’est ?

LUCY : Un horrible sac violet.

MARY : C’est notre laissez-passer pour le paradis. Emily a oublié son sac à main. On peut enfin sortir d’ici.

LUCY ET MARY SE METTENT À CRIER ET TAPER DES MAINS.
 

SIMON EST OCCUPE A REGARDER LE CIEL.

SIMON : Ciel existe, là-haut quelque part. J’en appelle à ma bonne étoile. J’aimerais pouvoir être enfin libéré de cette malédiction. (Glenda et Rosie arrivent)

GLENDA : Salut, Simon. Je me disais que j’allais peut-être tomber sur toi.

SIMON : Evidemment, puisque tu es chez moi.

GLENDA : J’ai demandé à ma mère de ne plus m’inscrire à l’école privée, cette année. Tu sais pourquoi ? J’espérais me retrouver dans la même école que toi.

SIMON : Ca alors ! C’est … génial ! (Rosie murmure)

GLENDA : Il n’y a pas de garçon dans mon école, car c’est une école de filles.

SIMON : Eh oui, ça arrive dans ce genre d’endroit.

GLENDA : Quoi qu’il en soit, ils organisent une soirée dansante. Et il faut que je sois accompagnée et je ne peux pas y aller avec le premier venu, mais quelqu’un de spécial, comme toi.

SIMON : C’est très gentil à toi, seulement comme on n’est pas dans la même école, tu ne pouvais pas savoir, mais … j’ai une petite amie. (Glenda est choquée)

ROSIE : Qui le savait ? Moi, je ne l’ai jamais vue.

SIMON : Quoi ?

GLENDA POUSSE UN ENORME SOUPIR, BOUSCULE SIMON ET PUIS RETOURNE À LA MAISON.

SIMON (à Rosie) : T’as vu ? Elle s’en va du mauvais côté.

ROSIE : Ca m’est égal. Ce n’est pas comme si elle m’avait apporté un cadeau. (Rosie retourne à son tour à la maison)

SIMON (en hurlant) : Tu ne te souviens pas de moi ? J’ai gagné une voiture, j’ai eu une chienne, je suis censé être l’enfant le plus chanceux de la terre.

IL POUSSE UN ENORME SOUPIR ET SE FRACASSE LA TETE CONTRE LE POTEAU.

SIMON (hurlant de douleur) : Oooh !
 

MATT REVIENT À LA MAISON ET CROISE MARY ET LUCY.

MATT : Où sont les parents ?

MARY : Pourquoi ?

MATT : J’ai quelque chose à leur dire.

MARY : Papa est sorti et on veut parler à maman avant toi. (Lucy soupire)

GLENDA ARRIVE TRES FURIEUSE À LA MAISON. ELLE SE DIRIGE DANS LE SALON.

GLENDA (en hurlant) : Je veux rentrer à la maison. Simon a été méchant avec moi. Il a inventé un mensonge stupide pour ne pas m’accompagner au bal du printemps.

JOANNE : Annie, vos bébés sont adorables. Bonne nuit.

ANNIE : Mais euh … je … je peux parler à Simon ?

GLENDA : Ce n’est pas la peine.

JOANNE ET GLENDA SORTENT DE LA MAISON.

MARY : Euh … Emily a oublié son sac. Lucy et moi, on pourrait le lui rapporter.

ANNIE : Vous ne l’auriez pas caché pour pouvoir le lui rapporter ?

MARY : Je te jure que non. Croix de bois …

LUCY : … croix de fer.

ANNIE : Bien. Mais ne jurez pas. Et faites l’aller-retour. Ne vous attardez pas.

LUCY ET MARY SORTENT DE LA MAISON EN COURANT. C’EST À CE MOMENT-A QUE MATT ANNONCE LA NOUVELLE A ANNIE.

ANNIE : Hum … (Matt sourit) Qu’est-ce qui se passe ?

MATT : Rien.

ANNIE : Ton regard dit le contraire. Que se passe-t-il ?

MATT : Papa n’est pas à la maison ?

ANNIE : Non, pourquoi ?

MATT (après quelques secondes silence) : Je me suis engagé dans l’armée. (Annie le regarde en riant) Chouette, non ?

MATT PARAIT CONTENT. ANNIE EN EST TRES SEPTIQUE.
 

DANS LA SOIREE, LUCY ET MARY FONT UNE ESCAPADE EN VOITURE. A LA FIN, QUAND LA VOITURE S’ARRETE, DEUX GARCONS SE METTENT A LES OBSERVER.

JEFF : Où vous allez comme ça ?

MARY : Faire une course.

CHRIS : Laissez tomber la course. Rendez-vous au Landsburger.

MARY : Désolé.

JEFF (à Chris) : Hé ! Viens, on y va.

LUCY : Ils sont mignons.

MARY : Ils sont un peu trop mignons pour être honnête.

LES DEUX GARCONS SORTENT DE LA VOITURE ET S’APPROCHENT DE MARY ET LUCY.

JEFF : Retrouvez-nous au Landsburger. Je n’ai plus qu’une semaine à vivre.

CHRIS : On compte sur vous. Le landsburger ! Pitié ! (Lucy se met à rire)

ILS RETOURNENT DANS LEUR VOITURE.

LUCY : On peut aller faire un petit tour ?

MARY : Seulement après avoir déposé le sac. (La voiture de Chris et Jeff démarre) Ce serait dommage de ne pas profiter d’une occasion pareille.

ELLES POUSSENT D’ENORMES CRIS. LEUR VOITURE DEMARRE.
 

PENDANT CE TEMPS-LA, ERIC FRAPPE A LA PORTE DE CHEZ TED. CELUI-CI VIT SEUL DANS UN APARTEMENT. IL EST OCCUPE A ECOUTER LA MUSIQUE A FOND TOUT EN SE SAOULANT.

TED (après qu’Eric ait frappé deux fois) : Qu’est-ce que c’est ?

ERIC : C’est moi, Eric Camden.

TED : Oooh ! Bonsoir, mon Révérend. Un petit instant.

LA MUSIQUE S’ARRETE. TED LUI OUVRE LA PORTE.

TED : Je vous en prie, entrez. Excusez-moi, je croyais que c’était ma femme. (Rire) Entrez ! Je vous offre une bière, mon Révérend ?

ERIC (en fermant la porte) : Euh … non, non merci. Euh … je … je conduis.

TED : Aaah ! Oui ! Parfait.

ERIC : Euh … vous n’avez pas perdu quelque chose, là ?

TED : Hein ? (Il avait omis d’enfiler son pantalon) Oh ! Excusez-moi.

ERIC : C’est drôle. Je ne vous imaginais pas du tout en buveur de bière.

TED (en s’habillant) : Non, non. Eh … eh bien … Hé ! Hé ! Et regardez, voici le nouveau Ted, hé ! Plus de Montrachet pour moi, ni de petits canapés au pain de mie. Le véritable Ted boit de la bière. Hé ! (en hurlant) Emily ne boit pas de bière, bien sûr, même sans alcool. Elle est trop raffinée pour ça. Elle est trop bien élevée, trop …

ERIC : … anglaise.

TED : Oui, c’est ça, trop anglaise. Elle est arque boutée sur ses principes. Elle en a sur tout, sur tout, sur tout, même ses principes ont des principes. Par exemple, elle a un principe. Pas de télévision après onze heures et demie, donc pas de journal de la nuit. Et comment s’appelle cette émission ? Le … hum … euh … comment s’appelle … Oui, la « Ligne de cœur ». Je suis majeur.

ERIC : Ah !

TED : Oh ! J’ai le droit de regarder la télé chaque fois que j’en ai envie, mais … nooon, et je ne parle pas de la cuisine. Il ne faut pas oublier de rincer son assiette avant de la mettre dans le lave-vaisselle, sinon, Dieu sait ce qui vous attend. Il faut la voir en train de nettoyer partout. Et oui ! (Murmure) C’est une vraie maniaque. Et n’oublions pas le plus important, c’est-à-dire, défense de fumer à l’intérieur de la maison.

ERIC : Euh … vous fumez ?

TED : Non ! Mais imaginez que j’ai envie de commencer, je serai obligé d’aller fumer dehors. Vous vous rendez compte ? Excusez-moi, mais elle me fait perdre la boule. J’en ai assez de son organisation obsessionnelle. Chaque seconde de notre vie est planifiée. Il n’y a aucune sorte … (murmure) … de … de spontanéité, aucune … (murmure) … liberté.

ERIC : Je crois que c’est normal. Euh … vous savez, au bout de quinze ans, on s’enferme un peu dans la routine.

TED : (Grognement) Vous voulez que je vous dise ? Je m’ennuie à mourir.

ERIC : C’est ça. Très bien. Evacuez la rancœur et une fois que vous aurez vidé votre sac, eh ben, vous découvrirez peut-être …

TED : Le nouveau Ted.

IL SE MET A DECAPSULER LA BOUTEILLE DE BIERE

TED : A votre santé ! (Il se met à la boire)

ERIC : Le nouveau Ted, euh … ça fait combien de bières ? Euh …

TED LUI REPOND EN GEMISSANT.

ERIC : Eh oui.
 

MATT ET ANNIE SONT DANS LE SALON. FINALEMENT, CETTE DERNIERE EST COMPLETEMENT OUTREE DU FAIT QUE MATT AIT SIGNE SON CONTRAT POUR S’ENGAGER DANS L’ARMEE.

MATT : Maman, essaie de comprendre.

ANNIE : Plus un mot là-dessus jusqu’au retour de ton père … Matt, comment as-tu pu ?

ENSUITE, ELLE PASSE SES NERFS SUR LUI EN LE FRAPPANT.
 

MARY ET LUCY SE RETROUVENT CHEZ EMILY.

EMILY : Je vous envie, les filles, d’appartenir à une si grande famille. Ca doit mettre de l’ambiance dans la maison.

MARY : Parfois, il y a un peu trop d’ambiance.

LUCY : Et parfois, il y a un petit peu trop de famille.

EMILY : C’est mieux que rien, croyez-moi. Bon, je ne vous retiens pas. Merci d’avoir rapporté mon sac.

LUCY : Appelez-nous si vous avez besoin de compagnie.

EMILY : D’accord.

MARY : Bonne nuit !

LUCY : Bonne nuit.

MARY ET LUCY QUITTENT LA MAISON D’EMILY.
 

SIMON ET ROSIE SONT DANS LEUR CHAMBRE.

SIMON : Tourner trois fois sur vous-même … et lancer les dés. Quand le matin viendra, la malchance disparaîtra. Hum … (Simon se lève)

ROSIE : Ta-ta-ta-ta !

SIMON TOURNE TROIS FOIS SUR LUI-MEME. IL FINIT PAR TOMBER.

ROSIE : Il n’y a plus rien à faire. A ta place, je n’insisterais pas trop. (Murmure)
 

MATT EST TERRIBLEMENT FRAPPE PAR L’ATTITUDE VIOLENTE DE SA MERE. CETTE DERNIERE TENTE DE S’EN PRENDRE A NOUVEAU A LUI ET FINIT PAR ABANDONNER.
 

MAINTENANT, C’EST ERIC QUI REND VISITE À EMILY. IL FRAPPE À SA PORTE. EMILY L’OUVRE.

ERIC : Désolé, ce n’est que moi. (Emily sourit) Vous permettez que j’entre ?

EMILY : Oui, je vous en prie. (Elle ferme la porte) Ca n’a rien donné avec Ted, je suppose ?

ERIC : Eh bien, disons qu’il n’est pas dans son état normal, aujourd’hui.

EMILY : Oh ! Je ne suis pas de cet avis. (Ils s’installent) Je connais Ted et quand il a décidé quelque chose, c’est définitif. Par exemple, deux ans après notre mariage, un jour, il est venu m’annoncer que nous n’aurions pas d’enfant. Il n’a jamais voulu en démordre. Il est comme ça.

ERIC : Je dois vous avouer que … je ne crois pas au divorce.

EMILY : Tout comme moi.

ERIC : Et lui, malheureusement, il y croit.

EMILY : Oui, je sais, je n’ai pas le droit de m’y opposer.

ERIC : C’est curieux. Il a dû vous demander de l’épouser mais il n’a pas à vous demander légalement votre avis s’il veut divorcer. On ne peut rien y faire, c’est … c’est comme ça.

EMILY : Vous pensez qu’il ne reviendra pas à la maison ?

ERIC : Vous voulez qu’il revienne ?

EMILY : Je n’en sais rien.

ERIC SOUPIRE.

 

LES DEUX GARCONS SONT ENTRES DANS LA VOITURE DE MARY, GAREE DEVANT LE DRIVE-IN.

JEFF : Vous vous appelez comment ?

MARY : Moi, c’est Madeline et voici mon amie …

LUCY : … Sabrina. On peut savoir votre âge ?

CHRIS : Vingt-et-un. Et toi ?

LUCY : Dix-neuf. Vous étudiez à quelle université ?

JEFF : Yale. On est de passage à Glenoak.

MARY : Ah !

LUCY : Ah ! Nous aussi. On est en première et seconde année à Brown.

MARY : C’est en France.

JEFF : C’est une plaisanterie ?

MARY : C’est si important ?

CHRIS : Non. (Jeff se met à rire)
 

ANNIE ESSAIE DE RAISONNER MATT.

ANNIE : Tu crois que tu vas voyager à travers le monde et que tu vas te payer du bon temps avec la première poule ramassée dans la rue ? (Matt soupire)

MATT : Tu me prends pour qui ?

ANNIE : Ecoute, ce n’est pas drôle. Ce n’est pas drôle du tout. C’est sérieux. C’est vraiment sérieux.

MATT : Je le sais. Mais c’est la première fois de ma vie que je dois me conduire de façon responsable. Je n’ai pas de travail. Je ne sais pas dans quoi je vais me spécialiser. J’habite encore chez mes parents avec six frères et sœurs. (Eric arrive en plein milieu de la discussion) Il est temps que j’aille de l’avant, non ?

ERIC : De l’avant ?

MATT : Oui. (Il se lève) Mais ce n’est pas ce que tu crois, papa. J’aimeautant te prévenir avant que tu ne te mettes en colère.

ANNIE (en se levant) : Il s’est engagé dans l’armée.

MATT : Oui, je me suis engagé dans l’armée.

ERIC : Comment ça ? Les … l’Armée des Etats-Unis ?

ANNIE : Oui, l’Armée des Etats-Unis qui se bat avec des armes et qui fait la guerre.

ERIC : On t’a dit qu’il faut se couper les cheveux ?

ANNIE (morte d’inquiétude) : On t’a dit qu’on tirait avec des vraies armes et des vraies balles et qu’on pouvait t’envoyer n’importe quand, Dieu sait où et que tu pouvais perdre la vie ? Tout ça pour quoi ? Tout simplement pour pouvoir te payer des études ?

ERIC : Et combien tu gagnerais ?

MATT : Ben, en m’engageant quatre ans, je peux me former comme pilote et je recevrais cinquante mille dollars et j’aurais un emploi en sortant.

ERIC (surpris) : Ho ! Ho ! Cinquante mille dollars et un travail ?

ANNIE (morte d’inquiétude) : Des balles qui vont très vite, des balles qu’on tirera sur notre fils …

ERIC (à Annie) : Assieds-toi. (à Matt) Et toi aussi, assieds-toi. (Ils s’asseyent) Euh … Matt, euh … ta décision t’appartient, je le sais. Mais en tant que fils d’officier de carrière, il faut que je te dise que je ne suis pas certain que tu saches vraiment à quoi tu t’exposes. C’est un engagement énorme pour qui que ce soit, en particulier pour quelqu’un d’aussi … pour qui que ce soit. Et une fois que tu as pris cet engagement, ils te tiennent et tu ne peux pas revenir sur ta décision. Et comme disait le Colonel, même tes fesses appartiennent à l’armée.

MATT : Je peux savoir en quoi l’armée vous dérange ?

ANNIE : Oh ! Rien. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup de … de respect et de gratitude pour les milliers d’hommes et de femmes qui sont prêts à vouer leur carrière et leur vie à protéger autrui, à défendre des idéaux, des gens qui n’ont pas chaque fois qu’ils le désirent la possibilité de passer les fêtes en famille parce que leur travail consiste à … à faire en sorte que je sois en sécurité chez moi avec la mienne. Non, cela n’a rien à voir avec le service militaire, Matt. Cela a à voir avec toi … et le temps que tu n’as pas consacré à réfléchir à la question.

MATT (réticent) : Je suis majeur, à présent. J’ai envisagé tous les choix possibles et je m’engage.

IL SE LEVE ET QUITTE LA PIECE.

ERIC : Bien.

EXCEDEE, ANNIE PASSE SES NERFS SUR ERIC EN LE FRAPPANT DE LA MEME MANIERE.

ERIC : Aïe !
 

TED EXAMINE SON FRIGO. IL CONSTATE QU’IL N’A PLUS DE BIERE. IL PART EN CHERCHER AU SUPERMARCHE.
 

MARY ET LUCY CONTINUE LEUR ESCAPADE NOCTURNE.

MARY : Je suis sûre qu’ils ont des petites amies. Je suis prête à parier.

LUCY : Parier quoi ? T’as pas d’argent.

JEFF (à Mary et Lucy) : On fait une partie d’alerte incendie ?

MARY REPOND EN RIANT. LES DEUX VOITURES S’ARRETENT. JEFF ET CHRIS SORTENT LES PREMIERS ET SE METTENT À COURIR AUTOUR. PENDANT CE TEMPS, LUCY ET MARY SE METTENT A LES OBSERVER.

MARY (à Lucy) : Allez ! Viens !

LUCY ET MARY SORTENT EGALEMENT ET FONT LA MEME CHOSE QU’EUX. TOUT A COUP, ILS ENTENDENT PLUSIEURS BRUITS DE SIRENE, CE QUI LES AMENE À RENTRER DANS LEUR VOITURE ET REDEMARRER.

CHRIS : Ouais, ça va du calme.

ILS REPRENNENT LA ROUTE. UN INSTANT PLUS TARD, ON APERCOIT TED AU VOLANT. UN PEU PLUS LOIN, MARY ET LUCY SORTENT DE LA VOITURE, AINSI QUE LES DEUX GARCONS. ILS CONTINUENT LEUR JEU.

MARY (à Lucy) : Attention !

C’EST A CE MOMENT-LA QUE TED, EN ETAT D’IVRESSE, SE DIRIBE DANS LE PARKING ET PERCUTE LA VOITURE DE MARY, CE QUI CAUSE DE NOMBREUX DEGATS : DE LA FUMEE, BRUIT DE SIRENE INTENSE, PHARE BRISE ET TED SE FRACASSANT LA TETE CONTRE LE PARE-BRISE. HEUREUSEMENT, MARY ET LUCY SONT SAINES ET SAUVES. .
 

LE LENDEMAIN …
 

LUCY ET MARY SONT DANS LEUR CHAMBRE.

MARY : Lucy. Ne fais pas semblant de dormir.

LUCY : Je dors. Je ne fais pas semblant. Je ne vais pas me réveiller, de toute façon.

MARY : Réveille-toi. Il le faut. On va devoir s’expliquer ce qui s’est passé hier et le plus tôt sera le mieux.

LUCY (en pleurant) : Ils ne nous ont rien dit, hier soir. C’était terrifiant. Jamais je ne les avais vus comme ça.

MARY : Ils étaient soit trop secoués, soit trop en colère pour dire quoi que ce soit. Mais je penche pour la colère.

LUCY : Heureusement que Ted n’a eu que quelques fractures.

ERIC ET ANNIE FRAPPE A LEUR PORTENT ET ENTRENT. LUCY SECHE SES LARMES.

ANNIE (en s’approchant d’elles) : Est-ce que ça va ?

ERIC : Mon Dieu ! Ce que vous avez dû avoir peur. (Il prend Mary dans ses bras - soupir) Ma chérie.

LUCY : Ca va aller.

MARY : Oui, moi aussi.

ANNIE (en serrant très fort Lucy) : Oooh ! (à Eric) Ted avait bu. Il n’a pas l’habitude de boire mais hier soir, il a pris quelques bières de trop. Il est ressorti pour en acheter et c’est là qu’il vous ait rentrées dedans.

ERIC : Donc, vous l’avez vu arriver et vous êtes … sorties de la voiture ? (Il regarde Mary)

MARY : Oui.

LUCY : Enfin, si on veut.

MARY : Qu’est-ce qui reste de la voiture ?

ERIC : Aaah ! Ca, on peut l’envoyer à la casse. Enfin, vous êtes vivante, c’est l’essentiel. Vous êtes indemnes et c’est un vrai miracle. (Etreinte)

ANNIE : Peut-être que la chance de Simon était avec vous. (Etreinte) Hmm … Tout va bien … Allez, c’est fini.

MARY : Je sais que vous bénissez le ciel pour qu’on s’en soit tirées indemnes. Mais si on est vivante, ce n’est pas grâce à un beau miracle.

LUCY : On est vivante parce qu’on est mauvaise.

MARY : On faisait une partie d’alerte-incendie. C’est la raison pour laquelle on n’était pas dans la voiture.

ANNIE : Alerte-incendie ? Cette espèce de … de jeu qui consiste à courir autour de la voiture à toute vitesse ?

MARY : Oui.

ERIC : Comment en êtes-vous arrivés à jouer à ce jeu stupide ?

LUCY : A cause de deux garçons qu’on a laissé monter avec nous dans la voiture au drive-in. (Air consterné et soupir d’Eric et Annie)

MARY : En fait, on était déjà à l’extérieur de la voiture quand on l’a vu arriver.

 

MATT A LES RESULTATS DES TESTS.

MATT : Et alors, c’est tout ?

Sgt. REYNOLDS : Oui, c’est tout.

UNE MAIN EST POSEE SUR LEUR TETE.
 

ROSIE EST DANS SA CHAMBRE. SOUDAIN, ON SONNE À LA PORTE. ELLE SE MET A REGARDER SOUS LE LIT. SIMON, PAR CONTRE, EST DANS LA CHAMBRE DES PARENTS ET PARLE AUX JUMEAUX.

SIMON : Bon. Ecoutez, quand ça sonne à la porte, ça veut dire qu’il y a des curieux qui viennent vous voir. Je vous ai talqués, j’ai changé vos couches et je vous ai mis de nouveaux pantalons tout propres. Alors, s’il vous plaît, essayez de continuer à sentir bon pendant … une demie heure. D’accord ? (Bruit incongru) Et je croyais que ma chance était enfin revenue.

 

ROSIE HESITE UN INSTANT POUR OUVRIR.

ROSIE : Qui c’est ?

EMILY : C’est Emily et Ted. Tu peux nous laisser entrer, Rosie ?

ROSIE : Je ne sais pas si je dois. Je vais chercher quelqu’un.

ERIC ARRIVE EN DESCENDANT ET OUVRE LA PORTE.

ERIC : Emily … Ted … Entrez. (Ils entrent) Rosie, ma chérie, tu veux bien aller chercher tes sœurs et maman ?

ROSIE MONTE, TANDIS QUE TED ET EMILY S’INSTALLENT DANS LE SALON. TED MARCHE AVEC UNE CANNE, À LES BRAS DANS LE PLATRE ET PORTE UNE MINERVE.

ERIC : Comment va votre bras, Ted ?

TED : Oh ! Pas très fort.

ERIC (à Emily) : Et vous ? Comment ça va depuis hier ?

EMILY : Eh bien, je dois dire qu’après avoir écouté les conseils de tous les membres de famille, je me sens bien mieux. J’imagine que vous avez hâte de retrouver votre bureau à l’église ? Mais c’est bien, ici.

ANNIE, MARY ET LUCY ARRIVENT DANS CETTE PIECE.

TED : (Essoufflements) Mary … Lucy … euh … (Essoufflement) … Je vous présente toutes mes excuses. Je ne penserais pas que je serai un jour capable de faire le genre de bêtise que j’ai faites, hier soir. Et je remercie le ciel qu’il ne vous soit rien arrivé. Je vous prie de croire que … que je suis vraiment désolé. On m’a retiré provisoirement le permis et je vais suivre le programme pour des conducteurs qui conduisent en état d’ivresse. Je ferai des travaux d’utilité publique, mais au regard de ma faute, je dois bien reconnaître que la peine ne me semble pas très lourde.

ANNIE : Non. Non, non. En effet.

TED : Néanmoins, j’espère que vous accepterez mes excuses.

MARY ET LUCY : Bien sûr. Oui.

ANNIE : Non, je ne pense pas. Non.

MARY ET LUCY MONTENT DANS LEUR CHAMBRE. ENSUITE, DEVANT EMILY, ANNIE LUI REPROCHE SON ALCOOLISME AU VOLANT ET SES QUINZE ANS DE MARIAGE PERDUS.

ANNIE (à Ted) : Savez-vous ce que, moi, je vous reproche ? C’est d’avoir attendu qu’Emily ait passé quinze années de sa vie à vos côtés, quinze années à s’occuper de vous pour vous rendre compte que vous n’auriez peut-être jamais dû vous marier. Quant à la deuxième chose que je vous reproche, c’est qu’au premier soir de votre séparation, vous ne trouvez rien de mieux à faire que de vous saouler et prendre le volant afin de trouver un endroit où acheter encore plus de bière et vous enivrez davantage. Vous auriez pu tuer mes deux filles. Vous auriez pu tuer quelqu’un d’autre. Vous auriez pu vous tuer. Est-ce qu’il faut être à ce point stupide ? Quel monstre d’égoïsme faut-il être pour conduire en état d’ivresse ? Je n’ai pas besoin de tourner autour du pot pour dire leurs quatre vérités aux gens. Je suis une mère. Et s’il le faut, je peux le leur jeter au visage.

ANNIE ET ERIC QUITTENT LE SALON ET SE METTENT À DISCUTER.

ERIC : Merci. Je n’ai pas pour habitude de procéder de cette façon, mais lorsque le lieu et le moment le permettent de dire à quelqu’un ses quatre vérités, c’est la meilleure solution.

ANNIE : Oui, je le crois aussi. Tu ne veux pas essayer avec les filles ?

ERIC POUSSE UN LONG SOUPIR.

ERIC (à Emily et Ted) : Je reviens tout de suite.

ERIC ET ANNIE S’APPRETENT A MONTER DANS LA CHAMBRE DE MARY ET LUCY, TANDIS QUE ROSIE, EN PETITE TENUE, CIRCULE DANS LE COULOIR. PUIS, ON EN REVIENT À TED ET EMILY.

TED : Emily, assieds-toi près de moi.

EMILY : Je vais rester debout. Je préfère.

TED : (Soupir) Je regrette sincèrement ce qui est arrivé.

EMILY : Quoi ? Tu veux dire que tu regrettes d’avoir demandé le divorce sans prévenir ou bien d’avoir failli tuer ces deux enfants ?

TED : Les deux. Et … euh … je veux aussi te remercier d’être allée me chercher à l’hôpital. Je crois que je vais rentrer à la maison avec toi … euh … du moins jusqu’à ce que … on m’enlève tous ces pansements.

EMILY : Tu ne parles pas sérieusement, j’espère ? Oooh ! Oh non, Ted, c’est hors de question. La maison, c’est comme un grand cœur et toi, tu n’as pas de cœur et tu as brisé le mien. Tu veux toujours divorcer ? C’est ta décision, mais je ne m’occuperai pas de toi pour que tu me quittes, une fois rétabli. Voilà ma décision.

ROSIE ARRIVE À DEUX PAS DU SALON AVEC DES CIERGES MAGIQUES.

EMILY (s’écriant) : Rosie ! (Ted se retourne. Emily s’approche d’elle) Il ne faut pas jouer avec le feu. Jamais ! Même pour retenir notre attention.

TED : Aaah ! Et tu veux avoir des enfants ? Je vais appeler un taxi

EMILY (à Rosie) : Je me rends compte que je n’ai toujours rien acheté pour tes petits frères, mais ils semblent déjà tellement gâtés. Quelque chose te ferait plaisir ?

ROSIE : J’aimerais que vous ne parliez pas des cierges magiques au pasteur et à sa femme.

EMILY : Bon, d’accord. Et toi, tu vas leur en parler.

ROSIE : Vous feriez une bonne mère, enfin, si vous voulez vraiment avoir des enfants vous-même, mais si vous n’êtes pas sûre, prenez les jumeaux. Pitié !

EMILY : (Rire) Très drôle. Henny Youngman ?

ROSIE : Qui ?

EMILY REPOND EN RIANT.

 

TANDIS QU’ERIC ET ANNIE SE CHARGENT DE MARY ET LUCY.

ERIC : Je sais que rester tout le temps à la maison, c’est pour vous quelque chose d’insupportable.

ANNIE : Croyez-moi. Nous le comprenons parfaitement. Vous avez sûrement besoin d’un peu plus de liberté … Eh bien, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Vous avez toujours la possibilité de faire ce que vous voulez quand vous le voulez.

ERIC : Le principe qui consiste à dire « Je le veux et je le veux tout de suite », c’est peut-être quelque chose d’efficace pour les nouveaux-nés, mais pour vous, ça peut être extrêmement dangereux.

ANNIE : Par exemple, hier soir, vous avez failli vous faire tuer toutes les deux. (Eric soupire)

MARY : Ouais, bon. Alors, et comment on fait pour avoir ce qu’on veut ?

ERIC : A la mode d’autrefois. Gagnez-le. Vous voulez plus de liberté ? Vous prenez plus de responsabilité.

ERIC ET ANNIE QUITTENT LA PIECE.

LUCY : Oh ! Si seulement on avait eu une petite égratignure.

MARY : Euh … ouais.
 

SIMON ARRIVE A LA CUISINE ET FAIT DISPARAITRE SES LETTRES. ELLES S’ENVOLENT EN ECLATS.

ROSIE : Qu’est-ce que tu fabriques ?

SIMON : Il fallait que je me débarrasse de ces lettres. Maman dit que c’est illégal.

ROSIE : J’ai assez de problème. Ce n’est pas la peine que tu me fasses avoir des ennuis avec la justice, senior Camden.

SIMON : Désolé. Je ne savais pas.

ROSIE : Et tu penses que je vais aller raconter ça au juge ?

SIMON : Arrête de m’embêter, je l’ai appris avant qu’on ait des ennuis après tout.

ROSIE : Ca, c’est simplement parce que t’as de la chance.

SIMON : Oui, parfaitement, madame. (Eric et Annie arrivent)

ANNIE : Parfaitement quoi ? (Pas de réponse) Simon, dis-toi une fois pour toutes que les bagues, les chaînes de lettre, ta position dans la famille, tout cela n’a rien à voir avec la chance ou la malchance. Et tu ne peux pas provoquer des événements quand tu veux avec des formules magiques et de l’ail, parce que ça ne marche pas de cette façon. Est-ce que tu as compris ?

ERIC : Vous ne trouvez pas que ça sent le brûlé ?

ROSIE : Je ne recommencerai plus jamais. (Matt arrive)

ANNIE (à Matt) : Tu ne vas pas t’engager dans l’armée.

ERIC : Tu n’as pas pris le temps d’étudier un tant soit peu ou de discuter des autres choix possibles. Tu as fait ce que tu voulais sans même réfléchir à ce que tu faisais et tu as pris un engagement que tu n’es pas prêt à assumer. Et ça, ça n’arrivera pas. Peu importe ce que toi ou nous devrons faire pour mettre un terme à cet engrenage, mais tu ne t’engageras pas dans l’armée. (Annie et Matt se mettent à soupirer chacun à leur tour)

MATT : Comme vous voudrez. (Il s’en va)

ERIC : Il suffit parfois de rappeler les règles. C’est tout.

ANNIE : Oui … Ca ne t’a pas semblé un peu trop facile ?

ERIC : Oh si !
 

ROSIE ET SIMON DISCUTENT DANS LE COULOIR.

ROSIE : Je n’arrive pas à le croire. J’ai failli mettre le feu à la maison et je ne suis même pas fait disputer.

SIMON : Et j’ai envoyé des bouts de papier dans toute la cuisine et personne ne l’a remarqué. Heureusement que Matt est entré à ce moment-là.

ROSIE : Oui. On a eu beaucoup de chance.

SIMON : J’ai enfin retrouvé ma chance.

ROSIE (en lui montrant la bague cachée sous sa robe) : Ca veut dire que tu n’as plus besoin de ta bague porte-bonheur, je suppose ?

SIMON (en touchant la bague) : Finalement, je crois que non.

ROSIE : Ben, dis donc, j’ai l’impression que plus ça va, et plus j’ai de chance. (Elle s’en va)
 

MATT EST DANS SA CHAMBRE. IL REGARDE LE RESULTAT DE SES TESTS. ANNIE ET ERIC ARRIVE EN FRAPPANT A LA PORTE.

MATT : Entrez.

ERIC : Ce que nous aimerions savoir, c’est pourquoi exactement tu ne vas pas t’engager dans l’armée ?

MATT (en hurlant avec une voix haut perchée) : J’ai échoué aux tests, chef ! (puis avec une voix normale) Je n’ai pas les connaissances suffisantes en mécanique pour pouvoir devenir pilote d’hélicoptère.

IL POSE UNE MAIN SUR SON FRONT ET PUIS S’EN VA.

ERIC (à Annie) : Tu sais ce que je veux ? Et je le veux vraiment. (Annie soupire) Je veux que ces sept enfants se comportent correctement au moins une journée.

ANNIE : (Rire) Je te souhaite bonne chance.

ILS QUITTENT TOUS DEUX LA PIECE.


 

Script rédigé par Nadine, toute reproduction est interdite