2. 08. COUP DE BALAI DANS LE MENAGE
2.
08. COUP DE BALAI DANS LE MENAGE
TOUT
LE MONDE SORT DE L’EGLISE. DES ENFANTS SE METTENT À RIRE ET À COURIR.
UNE JEUNE
FILLE (parmi des tas d’enfants) : Attends-moi.
UNE DAME
SERRE LA MAIN D’ERIC ET PUIS S’EN VA.
ED : J’ai adoré
votre sermon, Révérend, comme d’habitude.
ERIC :
Merci, Ed. Vous êtes le plus fidèle de mes fidèles.
ED (en riant) :
Ha ! Ha ! Ha !
ERIC : Venez
donc prendre un rafraîchissement …
ED (en
s’écriant) : Ouais.
ERIC : … avant
d’aller déjeuner.
SIMON
TAPE SUR LE DOS D’UN MONSIEUR DANS LE BUT DE FAIRE DES AFFAIRES.
SIMON : Pardon.
ERIC :
Simon ! Pas de démarchage dans l’enceinte de l’église. (Il parle à Joe)
Mon fils essaie de se faire un peu d’argent de poche en vendant des cartes de
vœux.
JOE : Ah !
Mon fils fait la même chose. Les enfants sont fous d’une bande dessinée qui les
exhorte à faire du porte à porte.
ERIC : Une
bande dessinée ? Aaah ! Je devrais peut-être faire de la publicité pour
l’office. Ca attirerait quelques futurs fidèles.
MARY (à
Eric) : Tu devrais faire une cuve avec l’ex-copine de Matt, ça attirerait les
jeunes, les jeunes garçons, en tout cas.
MATT (qui
n’aime pas du tout la plaisanterie) : Hmm !
MATT ET MARY
AVANCENT.
UNE DAME
AGEE (en serrant la main d’Eric) : Bonjour.
PUIS,
ANNIE ORGANISE UN DRINK. UNE VOIX SE FAIT ENTENDRE.
LA
VOIX (traduisant un panneau) : Rejoignez-nous pour une collation après l’office.
ANNIE (en
servant la dame) : Voilà.
LA DAME : Merci.
PUIS
ARRIVE UNE CONNAISSANCE D’ANNIE, Mr. DAVID FRIEL.
DAVID : Mme
Camden ! J’essaie de localiser la fée culinaire qui a fait ces muffins. Ils sont
prodigieux.
ANNIE : Ce ne sont
que des muffins, Mr. Friel.
DAVID :
Oooh ! Je ne suis pas d’accord. C’est bien plus que des muffins. J’ai goûté des
tonnes de muffins dans ma vie, mais ceux-ci sont exceptionnels. Je vous propose
de les vendre dans mes magasins. (Simon et Rosie arrivent)
SIMON : Vendre
quoi ?
DAVID : J’offre à
ta mère, l’opportunité de faire des affaires avec moi.
SIMON :
Génial ! Ma mère aura besoin de travailler. Au fait, vous avez pensé à un cadeau
bonus pour vos muffins ? Une carte de vœux, par exemple.
ANNIE : Ce
n’est pas le moment, Simon. (Simon, mécontent, s’en va) Je suis
désolée. (Eclats de rire)
DAVID : Alors,
qu’est-ce que vous dites de mon offre ?
ANNIE : Mr.
Friel, je suis très flattée mais j’ai déjà un travail. J’élève cinq enfants. (Mary
et Lucy arrivent)
DAVID : Bonjour,
les filles. Je disais à votre mère qu’elle pouvait gagner beaucoup d’argent en
vendant ses muffins.
MARY (la
bouche pleine) : C’est vrai ?
ANNIE : Oui, c’est
vrai, mais je lui ai dit que j’étais trop occupée.
LUCY : A quoi
faire ?
DURANT
TOUT CE TEMPS, ERIC ETAIT EN CONVERSATION AVEC JOE ET LA VIEILLE DAME.
ERIC (à Joe
et la veille dame) : A tout à l’heure.
EMORY, LE
PERE D’UN ENFANT MALADE, ARRIVE.
ERIC : Emory !
Comment ça va ?
EMORY : Ca
va bien, Révérend. Enfin, on … on fait aller. Vous savez ce que c’est ?
ERIC : J’imagine
que Nell est à l’hôpital avec Steve ?
EMORY : Oui,
son état s’est stabilisé, mais nous avons pensé que … enfin, qu’il serait plus
prudent de le laisser en observation à l’hôpital au cas où il y ait moins de
problème. De toute façon, notre mutuelle couvre tous nos frais.
ERIC : Si je peux
faire quelque chose, n’hésitez pas.
EMORY : Non,
non, non, vous ne pouvez rien faire pour lui. Les médecins lui donnent encore
euh … six mois … six mois à vivre. Nous n’avons pas le choix.
ERIC : Ca
doit être terrible à gérer.
EMORY : On
se débrouille comme on peut. On travaille tous les deux, mais on est avec lui à
l’heure du déjeuner, du dîner et cela jusqu’à ce … ce qu’il s’endorme. En fait,
si. Vous pourriez faire quelque chose. Nell m’a chargé de vous demander si vous
connaîtriez quelqu’un qui accepterait de tenir compagnie à Steve, quelqu’un de
suffisamment responsable pour nous soulager, certains soirs. On est prêt à payer
ce qu’il faut.
AYANT
ENTENDU LA DISCUSSION, MATT LES INTERROMPT.
MATT (en
faisant des signes à Eric et Emery pour les séparer) : Hem ! Oui ? Hm ! Hm !
ERIC (à Emory) :
Excuse-moi.
EMORY : Oui.
MATT
PARLE À ERIC.
MATT : Tu sais, je
… je pourrais m’en occuper.
ERIC : Je ne crois
pas que ce soit une bonne idée.
MATT : Ben, quoi ?
ERIC : C’est
entendu, Emory. Je vais vous chercher une personne de confiance.
EMORY : Je vous
remercie, Révérend.
ERIC : Mes amitiés
à Nell et à Steve.
EMORY : Je n’y
manquerai pas.
CES
DEUX HOMMES SE SERRENT LA MAIN ET SE QUITTENT.
MATT : Papa.
ERIC : Non.
IL S’EN VA.
GENERIQUE
PLUS
TARD, A LA MAISON …
MARY
ET LUCY SONT DANS LE SALON EN TRAIN DE LIRE DES JOURNAUX. CETTE DERNIERE TOMBE
SUR UNE BANDE DESSINEE QUI LA FAIT RIRE. ERIC ARRIVE ET S’EN APERCOIT.
LUCY (en lui
montrant la bande dessinée) : C’est Andy Kapp, il est trop marrant.
ERIC : Aaah !
Ouais.
MARY : Papa.
ERIC :
Ouais.
MARY : La prochaine fois que tu
discuteras avec maman, tu devrais lui dire qu’elle sorte un peu.
ERIC : Ah oui ?
LUCY : Oui, avec Mary, on se
disait qu’une des raisons pour laquelle maman reste à la maison, c’est que
peut-être, tu n’es pas vraiment du style à lui donner un coup de main et qu’elle
se sent obligée de jouer les ménagères, alors qu’elle pourrait se faire pas mal
d’argent à l’extérieur, surtout maintenant que Rosie va à l’école.
ERIC : D’où vous vient cette
idée ?
MARY : David Friel, le marchand
de biscuits, a proposé à maman, de vendre ses muffins dans son magasin. Mais
comme au fil des années, elle a perdu toute confiance en elle, elle n’a même pas
eu la curiosité d’essayer.
ERIC : Dites donc, votre maman
est titulaire d’une maîtrise de second cycle. Son mémoire traitait de l’économie
domestique et sociale à travers l’histoire. Elle est capable de préparer un
gâteau tout en pensant à l’endroit idéal pour la poubelle. Il n’y a pas de quoi
se sentir dévalorisé.
MARY : Oui, mais tu ne lui as
peut-être jamais donné l’occasion de s’exprimer réellement, de dépasser son rôle
d’épouse et de mère.
ERIC : Hum …
MARY : Papa.
ERIC : Ouais …
MARY : Tout ce qu’on te
demande, c’est de la soutenir et de l’encourager au cas où elle déciderait de
tenter l’expérience de la vente de ses muffins.
PENDANT QUE MARY ETAIT EN
TRAIN DE PARLER. ON ENTEND CLAQUER LA PORTE. MATT ARRIVE.
MATT : Papa ! Je peux te
parler ?
ERIC (à Lucy et Mary) : Je vais
y réfléchir.
ERIC QUITTE LE SALON.
AVEC MATT, IL VA DANS SON BUREAU.
MATT : J’ai du mal à encaisser
ta réaction de ce matin.
ERIC : Eh bien … je préfère que
tu m’en parles plutôt que tu fuies et que tu fasses des bêtises … J’écoute.
MATT : J’ai décroché un job.
ERIC : Quel genre de job ?
MATT : Je vais m’occuper du
petit Steve.
ERIC : Tu es allé voir Nell et
Emory et tu as proposé tes services, alors que je te l’avais défendu ?
MATT : Oui, en effet, j’ai
pensé que c’était à eux de décider.
ERIC : Je suis très déçu, Matt.
MATT : Pourquoi ?
ERIC : Je t’avais clairement
dit que je ne voulais pas que tu acceptes ce travail.
MATT : Mais pourquoi ? Tu sais
bien que j’ai besoin d’argent.
ERIC : Je n’ai pas besoin de te
rappeler que lors de tes six ou sept derniers jobs, tu avais aussi besoin
d’argent, ce qui ne t’as pas empêché de te faire virer. Mais là, tu ne peux pas
te permettre de te faire virer.
MATT : Je ne me ferai pas
virer.
ERIC : Tu l’as rencontré,
Steve ?
MATT : Non.
ERIC : Il est … il n’est pas
d’un abord facile, même pour moi. Je suis pasteur et j’ai soutenu beaucoup de
malades et accompagné certains jusqu’à la mort, mais s’occuper d’un enfant qui
est condamné, c’est encore plus dur. Il n’y a rien de plus difficile.
MATT : Je vais juste lui faire
un peu de lecture.
ERIC : Quand est-ce que tu
commences ?
MATT : (Soupir) Ce
soir.
ERIC : Voilà. Je te propose un
compromis sans tenir compte du fait que j’avais mis mon veto et que tu as passé
outre. Bien. Laisse-moi t’accompagner à l’hôpital. Et si tu t’estimes capable de
faire face à la situation jusqu’au bout, très bien. Tu n’as pas le droit de
t’engager avant d’être absolument certain de ne décevoir personne, ce serait
trop grave. Si tu décidais de renoncer, je suis sûr que les parents de Steve
comprendraient.
MATT : Papa, il paie vingt
dollars la nuit. J’y arriverai.
ERIC : Euh … ouais.
ANNIE TRAVAILLE DANS SON
JARDIN. ROSIE LUI PARLE.
ROSIE : Pourquoi il veut payer
les muffins alors qu’il peut les manger gratuitement chez nous ?
ANNIE : Ma chérie, ce n’est pas
pour les manger, mais pour les vendre au rayon « muffins » de ses magasins.
Ensuite, il me donnera une partie de l’argent de la vente. C’est ce qu’on
appelle « être intéressé aux bénéfices ».
ROSIE : Pourquoi tu ne
garderais pas tout l’argent ?
ANNIE : Parce que sans les
boutiques de Mr. Friel, je ne vendrais pas de muffins.
ROSIE : Pourquoi ça ?
ANNIE : Je n’ai pas d’endroit
pour les vendre et même si c’était le cas, je ne suis pas douée pour la vente.
ROSIE : Oui, mais Simon non
plus. Pourtant, il vend bien des cartes de vœux
ANNIE : Il a réussi à en
vendre ?
ROSIE : Non, et en plus, il
doit en vendre dix boîtes. Et à la fin, s’il y arrive, il aura gagné une poupée
affreuse. Moi, si je devais vendre des cartes, ce serait pour gagner de
l’argent.
ANNIE : Mais, qu’est-ce qui
t’en empêche ? Ca vaut le coup d’essayer.
ROSIE : Et comment ?
ANNIE : Tout d’abord, il faut
que tu achètes toutes les cartes de vœux que Simon est supposé vendre. Combien
coûte une boîte ?
ROSIE : Quatre dollars.
ANNIE : Alors, si tu vendais
chaque boîte cinq dollars au lieu de quatre dollars, tu gagnerais un dollars par
boîte, ce qui au total te ferait un bénéfice de dix dollars tout rond.
ROSIE : Mais ce n’est pas
honnête.
ANNIE : Les affaires, c’est les
affaires. Le vendeur a le droit de fixer le prix que le client est prêt à payer.
Penses-y la prochaine fois que tu achèteras quelque chose.
ROSIE : Est-ce que je pourrais
garder les dix dollars ?
ANNIE : Bien sûr, mais il
faudrait que tu trouves quelqu’un qui te prête les quarante dollars pour acheter
les cartes à Simon.
ROSIE : Qui va me les prêter ?
ANNIE : Je te prêterai ce qu’il
te faut. Je serai très honorée d’investir dans ton affaire. Tout le monde sera
gagnant. Simon aura son jouet et si tu te débrouilles bien, il y aura dix
dollars pour toi. Hm ! Hm !
ROSIE LA PREND DANS SES
BRAS ET PUIS L’EMBRASSE.
ROSIE : Je peux aller en parler
à Simon ?
ANNIE : Bien sûr et dis-lui de
se laver les mains avant le dîner, pendant que tu y es.
ROSIE : J’adore faire des
affaires avec toi.
ANNIE (en riant) : Hmm ! Ha !
ROSIE PREND UNE ROSE ET
CROISE ERIC.
ROSIE (à Eric) : Papa, tu veux
m’acheter une boîte de cartes de vœux ?
ERIC : Non, sans façon, ma
chérie.
ROSIE : S’il te plaît, ça ne te
coûterait que cinq dollars et une boîte dure très longtemps.
ERIC : D’accord pour une boîte.
ROSIE : T’es génial ! Merci
papa.
ELLE SAUTE À SON COUP
POUR L’EMBRASSER, LUI DONNE LA ROSE ET RENTRE À LA MAISON. ERIC SE JOINT À ANNIE
POUR LUI PARLER.
ERIC : Elle donne un coup de
main à Simon ?
ANNIE : Elle va lui acheter le
lot et débuter sa carrière commerciale.
ERIC : Il paraît que tu veux
faire la même chose avec David Friel en faisant du commerce de muffins.
ANNIE COMMENCE À ETRE
CONTRARIEE.
ANNIE : Tu m’en crois
incapable ? Tu penses que je ne suis pas assez intelligente pour me lancer dans
les affaires avec mes muffins ?
ERIC : Du tout. Tu es … tu es
une femme intelligente.
ANNIE : Ah oui ? Je n’ai pas
l’impression que dans cette famille, on fasse grand cas de mon intelligence ou
de l’ampleur du travail que je fournis. Eh bien, je vais accepter son offre.
ANNIE LUI DONNE LE PANIER
DE ROSE ET PUIS S’EN VA.
SIMON EST AU TELEPHONE.
SIMON : Une boîte (…) Quatre
dollars. (Rosie arrive) C’est tout ce que je demande. (…) Je vois.
(…) Merci quand même. (Il raccroche)
ROSIE : Qui c’était ?
SIMON : Mademoiselle Buck, elle
fait du recyclage de cartes. Elle réutilise les cartes qu’on lui envoie.
ROSIE : Dis-moi, combien tu
vends les dix boîtes ?
SIMON : Personne ne
m’achèterait dix boîtes d’un coup.
ROSIE : Si, moi.
SIMON : Et qu’est-ce que tu vas
en faire ?
ROSIE : Les vendre.
SIMON : Non merci, c’est moi
qui les vends. J’ai besoin des dix points qu’ils demandent dans le catalogue
pour gagner Tick, le super héros.
ROSIE : Mais tu l’auras.
SIMON : Si j’ai bien compris,
tu me les achètes et tu les vends à ma place ? Mais c’est moi qui gagne le prix.
ROSIE : Et ce n’est pas tout.
Je vais les vendre pour faire du bénéfice. Je vendrai cinq dollars la boîte.
SIMON : Hè ! Hè ! Hè ! Ecoute,
petite, je suis le seul de la famille qui ai la bosse des affaires et tu n’es
pas moi. Tu es toi, alors, tu feras mieux de te lancer dans quelque chose qui te
ressembles et de rester en dehors du monde des affaires.
ROSIE : Non, toi, tu es bon
pour faire la banque, mais tout le monde sait ici que je suis faite pour être
vendeuse. C’est pour ça qu’à l’école, quand il y a quelque chose à vendre, tout
le monde vient me trouver.
SIMON : Non, non, ils font ça
parce que tu les fais craquer. Je suis passé par là, tu sais.
ROSIE : Hm ! Bien sûr.
SIMON : Si c’est comme ça,
d’accord, mais je veux les quarante dollars tout de suite pour les envoyer et
gagner le prix.
ROSIE : Marché conclu.
SIMON, ROSIE ET HAPPY SE
TENDENT LA MAIN.
ERIC ET ANNIE SONT DANS
LA CUISINE. ERIC ESSAIE DE PARLER À ANNIE. CELLE-CI SE MONTRE TRES DISTANTE A
SON EGARD.
ERIC (en faisant tenir un vase
de fleurs sur la table) : Pas mal, hein ?
ANNIE NE DIT RIEN. ELLE
EST OCCUPEE À ECRIRE.
ERIC : Je t’en prie, ne fais
pas la tête. Je voulais simplement dire que l’idée de vendre tes … tes muffins
dans les boutiques de David, ça me semble une excellente idée. Ca … ça va te
permettre de voir autre chose … Hein ? Si tu t’inquiètes pour l’intendance de la
maison, tu peux compter sur moi. Hum ! Regarde ce beau bouquet !
ANNIE : Je te remercie mais je
suis tout à fait capable de m’occuper de mon intérieur et de préparer quelques
muffins en même temps.
ANNIE SE LEVE ET QUITTE
LA PIECE. ERIC LA SUIT. IL TOMBE SUR MARY ET LUCY.
MARY (remarquant la distance
entre Eric et Annie) : Bravo, papa !
ERIC LES REGARDE UN
INSTANT ET PUIS CONTINUE À SUIVRE ANNIE, QUI EST MONTEE A L’ETAGE.
PLUS TARD, APRES LE
DINER, ANNIE S’OCCUPE DE PLIER DES SERVIETTES. ERIC ARRIVE.
ERIC : C’était très bon, comme
d’habitude.
ANNIE (avec le sourire) : Hm !
ERIC : Je vais à l’hôpital avec
Matt.
ANNIE : Hm !
ERIC : Tu as besoin de quelque
chose ?
ANNIE (faisant non de la
tête) : Hm ! Hm !
ERIC : Je ne sais pas ce que je
t’ai fait, je cherche juste à t’apporter mon soutien pour que tu puisses te
réaliser comme tu le désires.
ANNIE (avec un demi rire) :
Hum ! Est-ce que tu peux me dire où tu vas chercher ces petites phrases
sentencieuses et condescendantes ?
MARY ET LUCY ARRIVENT.
ANNIE : Ah ! Ce n’est pas
grave, je sais exactement d’où elles proviennent. (Ils s’embrassent)
Salue Nell et Emory pour moi.
ERIC : Ouais. A tout à l’heure.
IL S’EN VA.
ANNIE (hors d’elle) : Hum !
LUCY : Est-ce que tu vas
appeler David Friel ?
ANNIE : Euh … vous croyez que
je devrais ?
MARY : Oui, bien sûr, ce n’est
pas parce que tu as fait ton travail de mère que tu ne dois pas penser à ta vie
professionnelle. (Claquement de porte)
ANNIE : Je compte toujours
faire mon travail de mère.
MARY : En plus, tu donnerais le
bon exemple à Rosie.
ANNIE : Hein ? Comment ça ?
LUCY : Tu ne veux pas qu’elle
croie que les femmes ne sont faites que pour faire la cuisine et le ménage ?
ANNIE : Vous croyez que j’ai
fait une erreur ? (Mary et Lucy se regardent)
MARY : T’aurais peut-être pas
dû arrêter de travailler après la naissance de Matt ?
ANNIE (étonnée) : Oooh ! Hm !
PENDANT CE TEMPS-LA, MATT
ET ERIC SE PRESENTENT A STEVE ET A SES PARENTS A L’HOPITAL.
EMORY (dès leur arrivée dans la
chambre de Steve) : Ah ! Bonjour … Steve, tu connais le Révérend Camden ?
STEVE : Ouais.
ERIC : Bonsoir, Steve.
NELL (en lui serrant la main) :
Bonsoir, Révérend.
EMORY : Et voici Matt, le
garçon dont nous t’avons parlé.
MATT : Salut.
STEVE (à Matt) : Tu sais qui
est Tick, toi ?
MATT (après quelques instants
de réflexion) : C’est une espèce de super héros tout bleu, non ?
STEVE ET SES PARENTS
SOURIENT.
EMORY (en riant) : Hum !
ERIC : Parfait. Ca a l’air de
bien fonctionner entre vous. (à Nell et Emory) Il me semble que vous avez trouvé
votre homme.
LE LENDEMAIN …
SIMON EST DANS SA
CHAMBRE. IL S’OCCUPE DE COMMANDER SON SUPER HEROS. IL DECOUPE DANS UN CATALOGUE,
UN BON DE DIX POINTS ET LE MET DANS L’ENVELOPPE.
ROSIE : Tiens, c’est un chèque
de quarante dollars.
SIMON S’EMPARE DE CE
BILLET ET LE MET DANS L’ENVELOPPE AVEC LES DIX POINTS. ROSIE REGARDE LE
CATALOGUE ET POINTE DU DOIGT, LE SUPER HEROS TOUT BLEU.
ROSIE : C’est lui, Tick ?
SIMON : Ouais.
ROSIE : Qu’est-ce qu’il y a
écrit, ici ?
SIMON (en lisant) : « Délai de
livraison : six … six semaines ? »
ROSIE : Six semaines ? C’est
long, tu ne trouves pas ?
SIMON : Si, mais il t’en faudra
autant pour vendre tes dix boîtes de cartes.
ROSIE : Ca, ça m’étonnerait, tu
vois ?
ROSIE S’EN VA, MATT
ARRIVE.
MATT (à Simon) : Hé ! Je peux
t’emprunter les BD pour emmener à l’hôpital, ce soir ?
SIMON : Oui, bien sûr. Il aime
quoi ? (Simon se lève)
MATT : Ben, il a tous les
albums de Tick, mais à part ça, il m’a l’air d’aimer plutôt le genre
« Superman ». T’as ça ? (Simon lui montre un carton qui contient des BD de
Superman)
SIMON : Ouais, tiens, c’est là.
Tu prends ce que tu veux. Les derniers albums ne sont pas mal mais il faut
s’habituer au nouveau costume.
MATT (en tenant une BD) : Le
nouveau Superman. Mais qu’est-ce qu’il a de nouveau ?
SIMON : Tu n’as pas entendu
parler du nouveau Superman ? Tu vieillis, mon vieux. Tu perds le contact avec la
jeune génération. Comme papa !
MATT : Oui, sauf que moi,
contrairement à papa, je suis toujours aussi rapide que l’éclair.
SIMON SORT DE SA CHAMBRE
EN COURANT. MATT LA SUIT À TOUTE VITESSE. ARRIVES DANS LE CORRIDOR, MATT FINIT
PAR LE PLAQUER AU SOL. C’EST POUR JOUER.
MATT : Je te tiens. (Grognement)
ERIC ARRIVE. IL PREND CE
PETIT JEU TRES AU SERIEUX.
MATT (ayant vu Eric) : Oh ! Je
ne lui fais pas de mal, hein, euh …
ERIC : Non, je ne dis pas le
contraire.
MATT (à Simon) : Va chercher
tes affaires, on va être en retard à l’école.
SIMON SE RELEVE ET REPETE
LA DERNIERE PHRASE DE MATT.
SIMON : On va être en retard à
l’école, on va être en retard à l’école.
MATT (marmonnant entre ses
dents) : Hum ! Sale petit crapaud !
SIMON RETOURNE DANS SA
CHAMBRE.
MATT : Oh ! Ce n’est pas comme
ça que je m’occuperai de Steve, hein.
ERIC : Promets-le-moi, Matt.
MATT : Promis, je lui ferai la
lecture, c’est tout.
ERIC : Je préfère.
MATT : J’y vais.
MATT S’EN VA.
ANNIE EST DANS LA CUISINE
AVEC Mr. FRIEL.
ANNIE : Je pense qu’il est
possible de réduire le prix de revient en utilisant des ingrédients meilleur
marché mais je ne crois pas que la qualité serait la même si je remplaçais le
beurre par de la margarine. Mais vous savez, vos clients ne verront peut-être
pas la différence, si on ne leur donne pas d’éléments de comparaison.
DAVID : Je ne crois pas non
plus, mais je crois qu’il est préférable de s’en tenir à la recette d’origine,
du moins au début.
ANNIE : Très bien. Mes muffins
sont vraiment si bons que ça ?
TOUS DEUX RIENT AUX
ECLATS.
DAVID : Croyez-moi, j’ai un
palais infaillible pour les muffins. Je vous propose un contrat que nos avocats
étudieront dans les moindres détails. Voilà, je vous offre un forfait de mille
dollars pour l’exploitation commerciale de votre recette, ce qui garantit sa
protection. En effet, elle doit absolument restée la propriété de votre famille,
plus trente pourcents des bénéfices. (Eric arrive)
ANNIE (en prenant le papier) :
Vous permettez que je le garde pour mémoire ?
ERIC : Désolé d’interrompre,
mais je dois aller travailler.
ANNIE (très agitée) : Hum !
DAVID : Ne vous inquiétez pas,
nous mettons au point les derniers détails.
ERIC : Bon. Ca se passe bien ?
ANNIE (en secouant la tête) :
Oui !
ERIC : Tant mieux. Bon, alors
euh … on se parlera plus tard … à mon retour.
ANNIE (en secouant la tête) :
Oui !
ERIC : Enfin … si on a le
temps. Au revoir, David.
DAVID : Au revoir.
ERIC : (Murmure)
Au revoir.
ANNIE (à David) : Quoi ?
ERIC SORT DE LA PIECE.
ANNIE LUI FAIT SIGNE. LORSQU’IL SE DIRIGE VERS LA PIECE D’A COTE, IL TOMBE SUR
LUCY ET MARY QUI ETAIENT DEVANT LA PORTE.
ERIC : Aaah ! On ne vous a
jamais dit que ce n’était pas joli d’écouter aux portes ?
LUCY : T’as entendu le prix que
Mr. Friel va payer à maman pour une simple recette ?
ERIC : Votre mère me le dira le
moment venu et si elle le souhaite.
LUCY : Si elle n’est plus
fâchée contre toi.
ERIC : Elle n’est pas fâchée
contre moi.
MARY : Maintenant, je pense que
si.
ERIC : Excuse-moi.
MARY : Papa, tu ne peux pas
faire irruption comme ça, alors qu’elle négocie son contrat.
ERIC : Je suis allé lui dire au
revoir. Tu aurais préféré que je parte sans rien dire ? (Mary le regarde
froidement) Qu’est-ce qu’il y a ? Je n’ai pas de leçon à recevoir de mes
enfants.
MARY : Mais comment veux-tu que
maman surpasse sa peur de l’échec si tu n’arrêtes pas de lui tourner autour en
attendant qu’elle se casse la figure ?
ERIC : Un, je n’ai plus besoin
de tourner autour de ta mère et deux, je suis certain qu’elle ne souffre pas de
la peur de chuter, d’échouer. Elle n’a jamais eu peur de prendre des risques. La
preuve, elle m’a épousé.
LUCY : Mais enfin, ce n’est pas
une plaisanterie, c’est la carrière de maman qui est en jeu.
ERIC LES ECOUTE ET PUIS
S’EN VA.
ROSIE ARRIVE DANS LA
CUISINE.
ROSIE : Bonjour, Mr. Friel.
DAVID : Bonjour, Rosie. Comment
ça va ?
ROSIE : Très bien, merci. Simon
a rempli le bulletin-réponse. Tu veux bien le poster ?
ANNIE : Bien sûr. Hm !
DAVID (en lisant l’adresse
figurant sur l’enveloppe) : Central d’achat Regency ? Waouh !
Je ne savais pas que cette boîte existait encore. Je vendais des cartes
de vœux quand j’étais gamin.
ROSIE : Ma mère m’a aidée à
acheter celles de mon frère et maintenant, à moi de les vendre. Ca vous
intéresse, Mr. Friel ?
DAVID : Pourquoi pas ? Ils les
vendent combien, aujourd’hui ?
ROSIE : Cinq dollars, la boîte.
Mais je vous fais les trois boîtes pour vingt dollars. (Annie se met à
rire)
DAVID : Ce ne serait pas plutôt
trois boîtes pour quinze dollars ?
ROSIE : Evidemment, mais si je
veux faire un minimum de bénéfice, je dois les vendre un peu plus cher que leur
prix.
DAVID : Ha ! Ha ! Alors, dans
ce cas, j’en prends trois pour vingt dollars. (Il lui donne l’argent)
ANNIE : Hé ! Tu en as presque
vendu la moitié.
ROSIE : Oui et comme ça, je
peux te rembourser la moitié de mon emprunt.
ANNIE : Merci, mademoiselle
Camden. Maintenant, file, ma chérie et vérifie que Simon n’oublie pas son
déjeuner dans le bus. D’accord ?
ROSIE : D’accord. (Annie
l’embrasse) Au revoir.
ANNIE : Au revoir.
ROSIE (avant de partir) :
Merci, monsieur. Je vous apporte les cartes dès que je peux. (Elle s’en va)
DAVID : Je ferai mieux d’y
aller, moi aussi. Je vous appellerai cet après-midi.
ANNIE : D’accord, je serai à la
maison.
DAVID : Bien. Je vous ferai
livrer les fournitures au fur et à mesure des commandes.
ANNIE : Les fournitures ?
DAVID : Pour les muffins. On ne
peut pas être à la fois aux courses et aux fourneaux.
ANNIE : Je vais les faire …
ici ?
DAVID : Oui, j’imagine.
Voyez-vous, je fabrique des biscuits, je ne suis pas outillé pour faire des
muffins. Mais nous adapterons nos cuisines …
ANNIE : Euh …
DAVID : … si les trente jours
d’essai s’avèrent concluants. Ca ne vous ennuie pas, n’est-ce pas ?
ANNIE (avec un sourire en
coin) : Non. Ha ! Euh …
APRES QUE Mr. FRIEL SOIT
PARTI, ANNIE REGARDE L’HEURE. IL EST HUIT HEURES MOINS QUART.
ANNIE (catastrophée) : Oh ! Mon
Dieu !
AVEC CA, ANNIE DOIT
ENCORE S’OCCUPER DE LA MAISON. ELLE DOIT :
-
LAVER LA VAISSELLE ;
-
RAMASSER LE LINGE
SALE ;
-
FAIRE UNE COMMANDE
SUR INTERNET ;
-
METTRE LE LINGE DANS
LA MACHINE À LAVER ;
-
NETTOYER LA
BAIGNOIRE ;
-
SE DEBARRASSER DES
JOUNAUX QUI JONCHENT LE DIVAN ET LA TABLE DU SALON ;
-
PREPARER UN SANDWICH A ERIC ;
-
SORTIR LE LINGE DE LA
MACHINE À LAVER ;
-
CHANGER L’AMPOULE DU
PLAFOND ;
-
PREPARER UN POULET ET
LE METTRE DANS LE FOUR ;
-
REPRISER UNE
CHEMISE ;
-
REPARER UN BANC DE
JARDIN.
AU MOMENT MEME OU ANNIE
TRAVAILLE DANS LE JARDIN, MATT, MARY ET LUCY ARRIVENT.
ANNIE : Alors, ça s’est bien
passé à l’école ?
MATT : Oui, comme d’habitude.
ANNIE : Euh … où sont Simon et
Rosie ?
LUCY : Ils sont allés voir dans
la boîte aux lettres. Qu’est-ce que tu crois ?
ANNIE : Ah !
MATT : Je m’en vais à
l’hôpital. J’ai dit aux parents que j’y serais vers seize heures trente.
ANNIE : Et tu seras là pour le
dîner ?
MATT : Non, je ne crois pas.
C’est la première fois depuis longtemps qu’ils dînent ensemble. Alors, j’aurais
dit de prendre leur temps.
ANNIE LUI CARESSE LA
JOUE. LE LIVREUR ARRIVE.
LE LIVREUR : Ah ! Bonjour. J’ai
sonné devant, mais je n’ai pas eu de réponse. Vous êtes Annie Camden ?
ANNIE : Oui.
LE LIVREUR : Euh … je vous
apporte les fournitures de la part de Mr. Friel.
IL LUI DONNE LA FACTURE.
ANNIE : Trente douzaines de
muffins ? Haaa !
DANS LA SOIREE, MATT EST
A L’HOPITAL. IL TIENT COMPAGNIE À STEVE.
MATT : J’étais en train de … (Il
regarde sa montre) de me dire que ma famille aura bientôt fini de dîner
et que mon père doit … il doit être en train de chercher une excuse pour
débarquer ici pour faire son inspection.
STEVE : Ah ouais ?
MATT : Il va dire qu’il devait
rendre visite à quelqu’un à l’hôpital et qu’il est passé dire bonjour.
STEVE : Ouais, sûrement.
MATT : Ca n’a pas l’air
d’aller.
STEVE : Je me demandais si … si
tu savais ce que c’est que de mourir … T’es pas obligé de répondre, hein. Je
comprendrais.
MATT : Non. Non, je vais te
répondre. (Il s’approche de Steve) Ca m’arrive d’y penser aussi.
Je pense que c’est un peu comme … quand on est petit et qu’on est malade et … et
que nos parents nous prennent dans leurs bras et nous emmènent dans leur lit. Et
au réveil, on s’aperçoit qu’on n’est pas dans notre lit. Et là, il nous faut
quelques instants avant de réaliser où on est et que tout va bien … Je crois que
ça ressemble à ça. Ca te paraît idiot comme réponse ?
STEVE : Non, ça ira.
MATT : Ca veut dire qu’on peut
changer de sujet ?
STEVE : Ouais … Tu sais que ça
fait dix mois que je n’ai pas mis les pieds dehors, sauf sur le petit carré
d’herbe entre la cafétéria et le parking.
MATT : Non. Non, je ne le
savais pas.
STEVE : Mes parents ont peur
qu’il … qu’il m’arrive quelque chose si je vais me promener mais … mais quelque
chose va m’arriver de toute façon. Je vais mourir … Tout ce que je demande,
c’est de … passer une journée hors d’ici avant de mourir.
MATT : Steve, je ne peux pas te
faire sortir d’ici. Je n’ai pas l’autorisation de tes parents.
STEVE : Et alors ?
MATT : Et alors, je perdrais
mon job.
STEVE : Donc, ce qu’on pense de
toi est plus important que ma vie ?
TOUT A COUP, ERIC FRAPPE
A LA PORTE ET ENTRE DANS LA CHAMBRE.
ERIC : Ca va, les garçons ? (Matt
se retourne) Je rendais visite à des amis et je suis passé euh … vous
dire bonjour.
ERIC ET STEVE SE
REGARDENT EN RIANT.
ERIC : Bon, je … (Il sort
de la chambre)
STEVE (en riant) : Ha ! Ha ! Tu
connais ton père ?
MATT (en riant) : Ouais. (Steve
soupire) Hé ! Tu comprends pourquoi je ne peux pas te faire sortir. Tu
ne vas pas me virer parce que je ne peux pas te faire sortir de cette chambre ?
STEVE : Non, ce serait injuste.
Je pense que je finirai par t’avoir.
MATT : Qui sait ?
STEVE (en riant) : Hm !
MATT (en riant) : Hm !
LE LENDEMAIN …
TRES TOT LE MATIN, ANNIE
EST TOUT OCCUPEE DANS SA CUISINE À FAIRE LES MUFFINS, LA QUANTITE DEMANDEE PAR
Mr. FRIEL. ROSIE DESCEND DISCRETEMENT, ANNIE S’EST SAISIE.
ROSIE : Quelle heure il est ?
ANNIE : Oh ! Chérie ! Il … il
est cinq heures du matin. Retourne te coucher.
ROSIE (très fatiguée) :
D’accord. Quel jour on est ?
ANNIE : On est vendredi.
ROSIE : A quelle heure est-ce
qu’il arrive, le livreur ?
ANNIE : Oh ! Il sera là aux
alentours de cinq heures trente. Allez ! Retourne te coucher.
ROSIE : Mais le livreur va me
réveiller, maman. Il va sonner à la porte.
ANNIE : Oh ! Non, ne
t’inquiète pas ! Il ne le fera plus, pas après le savon que je lui ai passé
hier.
ROSIE (en baillant) : Oooh ! Si
t’es d’accord, je vais prendre un petit café en attendant le facteur. Je
recevrai peut-être les cartes de vœux, aujourd’hui. Comme ça, je pourrai livrer
mes clients.
ANNIE : Tu ne les recevras pas
aujourd’hui et d’ailleurs, tu n’as pas l’âge de boire du café.
LE LIVREUR SONNE À LA
PORTE. ANNIE S’EST SAISIE.
ROSIE : J’ai déjà vendu les dix
boîtes.
ANNIE : Oui, je sais mais je
trouve que tu es allée un peu fort en vendant à grand-père et au colonel, trois
boîtes chacun.
ROSIE : Je leur ai fait une
promotion spéciale. (Elle baille)
LE LIVREUR SONNE À
NOUVEAU À LA PORTE. CETTE FOIS, ANNIE VA OUVRIR. ON ENTEND MEME HAPPY ABOYER.
LE LIVREUR : Euh … Bonjour, Mme
Camden.
ANNIE : Je vous avais dit de ne
pas sonner.
LE LIVREUR : Ah oui, j’ai
oublié.
ANNIE FERME LA PORTE.
ANNIE : Et en plus, vous êtes
en avance ?
LE LIVREUR : Mais oui, je le
suis. C’est parce que les clients sont là, dès l’ouverture du magasin pour être
sûr d’avoir des muffins.
ANNIE : C’est vrai ?
LE LIVREUR : Hum !
ANNIE : Ils se vendent si bien
que ça ?
LE LIVREUR : Euh … oui. Vos
muffins sont devenus le produit phare des magasins de Mr. Friel.
ANNIE : Super. (Eric
arrive)
ERIC : Ah ! Euh … désolé pour
le coup de sonnette. J’ai oublié. (Puis, il ajoute en baillant) Ce
n’est pas grave.
LE LIVREUR SE DIRIGE VERS
LA CUISINE. ANNIE ET ERIC LE SUIVENT.
ERIC : Chérie.
ANNIE (en sursautant) : Oooh !
Oh !
ERIC : Euh … va te reposer un
petit peu. Je m’occupe du petit-déjeuner des enfants.
ANNIE : Oh ! Ne t’inquiète pas,
je tiens le coup.
ERIC : T’es sûre ? (Annie
fait oui de la tête) J’ai vraiment envie de t’aider.
ANNIE (énervée) : Ce n’est pas
la peine.
ERIC : Ca va.
PUIS, ERIC ET ANNIE
APERCOIVENT ROSIE, ENDORMIE SUR LE SOL.
ANNIE (en regardant Rosie) :
Oh.
ERIC LA PREND ET L’ENVOIE
DANS SA CHAMBRE.
ERIC : Hé oui.
LE LIVREUR MET LES
MUFFINS DANS UN CARTON. ANNIE SE SERT UNE TASSE DE CAFE. ELLE EST TOUTE
ESSOUFLEE.
ANNIE (au livreur) : Vous
prenez votre café avec très peu de lait et beaucoup de sucre, c’est ça ?
LE LIVREUR (faisant oui de la
tête) : Hum ! Hum !
ANNIE (de même) : Hum ! Hum !
PENDANT CE TEMPS-LA, MATT
ET ERIC, S’APPRETANT A METTRE ROSIE AU LIT, SE CROISENT DANS LE CORRIDOR.
ERIC : Où est-ce que tu vas, à
cette heure-ci ? Il est tôt.
MATT : Aaah ! Je vais voir
Steve.
ERIC : A cette heure-là ?
MATT : De toute façon, je ne
peux pas me rendormir, une fois que le livreur a sonné et Steve se réveille à
l’aube. Est-ce que tu pourrais emmener les petits à l’école ? Je voudrais rester
un petit peu avec lui.
ERIC : Oui, oui, bien sûr. Je …
j’espère que le temps que tu passes avec Steve ne t’empêche pas de faire tes
devoirs ?
MATT : Aaah ! Pas du tout, je
te le promets. En fait, Steve corrige les fautes d’orthographe de mon essai pour
Mr. Koper. Il est très fort, tu sais.
ERIC : Euh … j’avoue que je me
suis peut-être trompé sur tes capacités à assumer ce job.
MATT : Tu es surpris ?
ERIC : Euh … mais non, mais
non, non, non, …
MATT SE MET À RIRE.
ENTRETEMPS, SIMON EST
OCCUPE A VIDER LA TIRELIRE DE ROSIE. ERIC ARRIVE AUSSITOT AVEC ROSIE.
ERIC : Qu’est-ce que tu fais ?
SIMON : Je n’ai rien volé. Je
voulais voir combien Rosie s’était fait sur mon dos. Soixante dollars. Et ça,
c’est après avoir remboursé maman. Normalement, elle ne devrait pas avoir plus
de quarante dollars.
ERIC : Disons
qu’officiellement, tu étais le seul tenu de les vendre pour quarante dollars.
Une fois que Rosie te les as achetées, (Rosie gémit) elle était
libre de les vendre au prix qu’elle voulait.
ROSIE : C’est ce qu’on appelle
« faire une plus-velue ». Maman me l’a dit.
SIMON : Une « plus-value ».
Pourquoi tu chuchotes ?
ROSIE : Parce que tout le monde
chuchote.
SIMON : Bon. Je vais sortir
Happy.
ERIC : Ouais.
SIMON : Happy !
CELLE-CI GROGNE ET SUIT
SIMON. DES QU’ILS SONT PARTIS, ERIC MET ROSIE DANS SON LIT ET LUI PARLE.
ERIC : Bien … (Il lui
enlève ses pantoufles) Alors, qu’est-ce que tu vas faire de tout cet
argent ?
ROSIE : Je te le dis si tu me
promets de n’en parler à personne.
ERIC : C’est promis.
ROSIE : Même pas aux grands.
ELLE SE MET À GLISSER
QUELQUES MOTS À L’OREILLE D’ERIC.
MATT ARRIVE À L’HOPITAL.
IL CROISE LE DOCTEUR ET LUI PARLE.
MATT : Oh ! Excusez-moi.
LE DOCTEUR : Oui ?
MATT : Euh … je voudrais vous
poser une question concernant le petit Steve.
LE DOCTEUR : Vous êtes de la
famille ?
MATT : Pas tout à fait. Enfin …
non, docteur, je lui tiens compagnie pour soulager ses parents, mais nous sommes
de bons amis. Je suis le fils du Révérend Camden. Les parents de Steve
fréquentent notre église.
LE DOCTEUR : Ah !
MATT : J’aurais aimé que vous
me parliez de l’état de santé de Steve, enfin, si c’est possible.
LE DOCTEUR (en riant) : Ha !
Ha ! Ha ! C’est donc toi, la prochaine victime de Steve, hein ? Ce gamin a tenté
de convaincre chaque personne qui entrait dans sa chambre de l’emmener à
l’extérieur.
MATT : Mais pourquoi lui
refusez-vous de sortir un petit peu ?
LE DOCTEUR : Parce que ses
parents préfèrent qu’il garde la chambre. Je serais hors la loi si je ne
respectais pas leur volonté. Je passerais devant le Conseil de l’Ordre et je
n’exercerais plus.
MATT : Et pourquoi ses parents
ne veulent-ils pas qu’ils sortent ?
LE DOCTEUR : Ils ont peur. Il
est probable qu’ils s’imaginent qu’en le forçant à garder la chambre, eh bien,
ils peuvent prolonger sa vie d’autant.
MATT : Que lui arriverait-il si
jamais il quittait sa chambre ne serait-ce qu’une journée ?
LE DOCTEUR : Une journée ne
devrait pas l’affecter, je dirais même que ça lui ferait du bien. Mais
convaincre ses parents, ça, c’est une autre histoire.
MATT : Qu’est-ce qu’il risque ?
LE DOCTEUR : S’il ne fait rien
d’inconsidéré, hmm … il devrait survivre.
LE DOCTEUR S’EN VA. MATT
ENTRE DANS LA CHAMBRE DE STEVE. CELUI-CI EST ASSIS SUR UNE CHAISE.
MATT : Salut. (Il dépose
un livre)
STEVE : Qu’est-ce que tu fais
là ?
MATT : Comment ça, qu’est-ce
que je fais là ? Tu ne veux plus lire mon essai ?
STEVE : Peut-être plus tard. Je
n’ai pas envie de lire, pour l’instant.
MATT : Tu … tu te sens mal ? Tu
veux que j’appelle un médecin ?
STEVE : Non, ce n’est pas ça.
Je suis plutôt en forme. C’est ça qui est terrible. C’est juste que j’aurais
aimé frapper quelques balles, une toute dernière fois.
L’INFIRMIERE ARRIVE AVEC
UNE CHAISE ROULANTE.
L’INFIRMIERE : Salut, Steve. Tu
veux prendre ton petit-déjeuner à la cafétéria, ce matin ?
STEVE : Ouais, ça me changera
de la routine.
MATT : Euh … je peux l’y
emmener, si vous le permettez. Ca me ferait très plaisir.
L’INFIRMIERE : Absolument. Vous
savez y aller ?
MATT : Oh ! Steve fera un
excellent copilote.
L’INFIRMIERE : A tout à
l’heure.
L’INFIRMIERE S’EN VA.
MATT : Appelle tes parents et
dis-leur que je suis là et qu’ils n’ont pas besoin de venir ce matin.
STEVE : J’aime bien les voir
avant qu’ils aillent au travail.
MATT : D’accord ? Mais je
croyais que tu voulais frapper dans une balle.
STEVE : Tu plaisantes ?
MATT : Ce n’est pas mon genre.
STEVE : Tu sais qu’ils … qu’ils
vont me virer si jamais ils l’apprennent ? T’en es conscient ?
MATT : Ouais, ouais. Ne
t’inquiète pas, je sais ce que je fais. Je me débrouillerai. (Il lui passe
le téléphone) Appelle-les.
STEVE
S’APPRETE A TELEPHONER A SES PARENTS.
ANNIE EST DANS LE JARDIN.
LES AUTRES MEMBRES DE LA FAMILLE, EXCEPTE MATT, ARRIVENT.
ANNIE : Nell et Emory ont
appelé. On n’a toujours pas retrouvé Steve. Ils ont préféré retourner l’attendre
à l’hôpital.
ERIC SE SENT DESEMPARE.
ANNIE : Les enfants, il y a un
colis de la Centrale d’Achat Regency sur la table de la cuisine.
SIMON (en s’écriant) : Mon
super héros !
ROSIE (en s’écriant) : Mes
cartes de vœux ! (Tous deux accourent)
ERIC : Bon. Moi, je repars à
leur recherche.
ANNIE : Tu as vérifié au
stade ?
ERIC : Ouais, de même qu’à la
piscine. Je … je ne sais plus où chercher. J’ai … j’ai vérifié partout. Je suis
à deux doigts d’étrangler Matt. Je savais que ce n’était pas une bonne idée. Je
le savais.
ANNIE LUI CONFIE LE SAC
POUBELLE. CE DERNIER S’EN VA AVEC MARY ET LUCY.
ANNIE (à Mary et Lucy) : Hé !
Pas si vite ! En attendant d’assister au dénouement de la petite aventure de
Matt, vous allez m’aider à préparer ma commande de muffins.
MARY : Je n’ai pas le temps, je
dois rattraper un cours et puis, j’a plein de devoirs.
ANNIE : Oooh !
LUCY : Moi aussi, et puis, euh
… Laura m’a invitée à passer la nuit chez elle.
ANNIE : C’est vendredi. Vous
avez tout le week-end pour faire vos devoirs et tu n’iras dormir nulle part. Tu
vas rester avec moi jusqu’à l’arrivée du livreur, demain matin à cinq heures. (Elle
s’écarte)
LUCY (à Mary) : T’as vu. Son
job lui prend vraiment la tête, hein.
MARY : Ouais, ça doit être
difficile de se remettre au travail après une si longue interruption.
LUCY : Ouais. Hm !
ROSIE ET SIMON SONT DANS
LEUR CHAMBRE.
ROSIE : Trois pour Mr. Friel,
trois pour grand-père, trois pour le Colonel et une pour papa. Ca fait bien
dix ?
SIMON NE REPOND PAS. IL
EST DESEMPARE À L’IDEE DE NE PAS AVOIR SON SUPER HEROS.
ROSIE : Je suis désolée que tu
n’ais pas reçu ta poupée Tick.
SIMON : Poupée ! C’est ça.
HAPPY LUI LECHE LE
VISAGE. IL A L’AIR DEGOUTE.
SIMON (en s’essuyant le
visage) : Beuh !
NELL ET EMORY, TRES
INQUIETS DE LA DISPARITION DE LEUR FILS, SE RENDENT À L’HOPITAL.
LE DOCTEUR : Pas de nouvelles ?
EMORY (très inquiet) : Non,
non, toujours pas. Je n’aurais jamais dû faire confiance au jeune Camden. Un
adolescent de dix-sept ans n’est pas assez mûr pour s’occuper d’un malade. Où
avais-je la tête ?
NELL : Le problème n’est pas
là. Nous étions trop fatigués pour réfléchir.
LE DOCTEUR : Ecoutez, je suis
sûr qu’ils vont bientôt revenir à l’hôpital et que tout ira pour le mieux.
NELL : Seriez-vous aussi calme
si c’était votre enfant ?
LE DOCTEUR : Si ça avait été
mon enfant, on serait sortis se promener depuis longtemps. Nous en avons déjà
parlé. Ecoutez, je suis certain que Steve ne risque rien et j’accorderai
toujours ma confiance à Matt Camden. J’ai des malades à voir. L’infirmière me
bipera dès qu’ils seront revenus. D’accord ? Excusez-moi.
LE DOCTEUR S’EN VA. ERIC
ARRIVE DANS LE MEME ETAT QUE NELL ET EMORY.
ERIC : Je suis désolé. Je ne
les ai pas trouvés. (Nell soupire) Mais j’ai sûrement dû mal m’y
prendre.
NELL : Comment cela ?
ERIC : J’ai cherché dans les
endroits où Matt a l’habitude d’aller et j’ai pensé que je ferai mieux de
chercher là où Steve avait l’habitude d’aller. Quels sont ses endroits de
prédilection ?
NELL : Eh bien, s’il y a une
chose que Steve voulait faire en sortant d’ici, c’était jouer au base-ball.
EMORY (à Nell) : Est-ce que tu
te souviens où est situé ce terrain de base-ball où il jouait l’été dernier
juste avant sa maladie.
NELL : Bien sûr.
ERIC : Allons-y.
NELL : Attendez. Je devrais
peut-être attendre ici au cas où il reviendrait.
ERIC : Oh ! Je vais demander à
ce qu’on me bipe. Venez.
ERIC SORT DE L’HOPITAL EN
INCITE NELL ET EMORY A LE SUIVRE.
ANNIE EST DANS LA CUISINE
ET DEMANDE A SES DEUX FILLES AINES DE L’AIDER À PREPARER LES MUFFINS.
ANNIE : Très bien, Lucy. Tu
sépares douze blancs d’œufs et tu les bats en neige. Toi, Mary, tu verses dix
tasses de farine dans chaque récipient et tu ajoutes une plaque de beurre dans
chacun d’eux.
LUCY : Maman, nous sommes
ravies de t’aider, mais … tu ne crois pas que tu t’accomplirais beaucoup plus si
tu faisais des muffins toi-même ?
ANNIE (à Mary) : Tu peux
m’expliquer ce que ta petite sœur me raconte ? Hè ! Hè !
MARY : Maman, nous sommes
fières que tu aies réussi à lancer ta carrière professionnelle toute seule …
ANNIE (en riant) : Ha ! Ha !
MARY : … et nous ne voudrions
pas que tu penses que tu n’y arriveras pas sans nous.
ANNIE : Une minute ! Maintenant
que je fais des muffins pour les vendre, vous êtes fières de moi, mais avant,
vous ne l’étiez pas ?
MARY : Ce n’est pas ce qu’on a
dit.
LUCY : Ah oui, ce n’est pas ce
qu’on a dit. Arrête de jouer sur les mots.
ELLE COMMENCE À DEVENIR
HYSTERIQUE.
ANNIE : Vous croyez que je ne
vous vois pas venir avec vos gros sabots ? Ca ne vous est jamais venu à l’esprit
que j’exerçais déjà un métier ? Que d’être la maman de cinq enfants et l’épouse
d’un pasteur, c’est déjà une carrière en soi ? Sachez que cette vie, je l’ai
choisie en connaissance de cause. J’aime faire ce que je fais. J’aime être votre
maman et m’occuper de cette maison. C’est vrai, j’aime ça. C’est un travail à
plein temps. Je fais les trois-huit tous les jours. C’est un travail qui demande
autant de défis et d’engagement que n’importe quel autre, mais avec dix fois
plus de diversité. Je suis à la fois comptable, banquière, infirmière, ébéniste,
psychologue, euh … euh … euh … promeneuse de chien, plombier, euh … euh …
bricoleuse, et quoi encore ? Cuisinière, serveuse, et j’en suis fière. Oui, j’en
suis très fière ! Oh ! Mon Dieu ! J’ai du mal à croire que vous ayez pu imaginer
que j’avais besoin d’avoir la reconnaissance de qui que ce soit pour être
quelqu’un à vos yeux, d’autant plus qu’il s’agit de reconnaissance masculine.
Alors là, ça frise l’hystérie. Ah non ! Je crois avoir toujours eu la lucidité
de savoir ce que je vaux, et vous, vous êtes là, essayez de … de me faire croire
qu’il … qu’il suffit de vendre quelques malheureux muffins pour prouver sa
valeur. Ah ! Ca … ça, c’est la chose la plus drôle que j’ai entendue toute ma
vie. Non mais … j’ai dû me tromper quelque part.
ON SONNE À LA PORTE.
ANNIE (en colère) : Stop ! J’y
vais. Vous continuez !
ELLE S’ESSUYA LES MAINS.
LUCY : Pauvre maman ! Elle ne
sait pas ce que le mot « carrière » veut dire.
MARY : Elle n’était pas encore
prête pour le grand saut.
ANNIE OUVRE LA PORTE.
ANNIE (à David) : Ah ! Ah !
Bonjour.
DAVID : Ah ! Vous avez l’air de
bonne humeur !
ANNIE : Oui, si on veut, oui. (Elle
ferme la porte)
DAVID : Eh bien, voilà qui
devrait chasser les derniers nuages.
ANNIE : Et qu’est-ce que
c’est ?
DAVID : Votre chèque.
ANNIE (en riant) : Ha ! Ha !
Ha ! Mon chèque ?
DAVID : Oui.
ANNIE SE MET À RIRE ET
OUVRE L’ENVELOPPE.
ANNIE : Wouah !
DAVID : C’est un beau « wouah »
ou un mauvais « wouah » ?
ANNIE : Non, ce n’est pas un
mauvais. Non, mais … j’ai fait tous les muffins que je devais faire. C’est
terminé, j’arrête, j’en ai assez fait. Je suis désolée.
DAVID : Mais vous avez droit à
un essai de trente jours.
ANNIE : Eh bien non, l’essai
s’achèvera demain. J’aurais bien mis un terme aujourd’hui, mais mes filles ont
besoin d’une bonne leçon.
DAVID : Annie, vos débuts
étaient très encourageants, vous êtes sûre de votre décision ?
ANNIE : Euh … vous pouvez
acheter la recette, si ça vous intéresse.
DAVID : Aaah ! Bien sûr que ça
m’intéresse, mais … vous êtes certaines de ne pas vouloir continuer un peu plus
longtemps ?
ANNIE : Ce n’est pas une
question de volonté, vous savez. Merci d’avoir insisté. (Elle lui serre la
main)
DAVID : Ca a été un plaisir de
travailler avec vous. Si vous changez d’avis, n’hésitez pas. Vous pouvez
m’appeler. Alors, à dimanche. (Il ouvre la porte et s’apprête à sortir)
ANNIE : J’y compte bien. Au
revoir.
DAVID S’EN VA. ROSIE
ARRIVE.
ROSIE : Maman !
ANNIE : Oui.
ROSIE : J’ai un service à te
demander de femme d’affaires à femme d’affaires.
ELLE CHUCHOTE À SON
OREILLE. ENSUITE, ANNIE ET ELLE SE METTENT À RIRE.
PENDANT CE TEMPS-LA, MARY
ET LUCY S’OCCUPENT DE FAIRE LES MUFFINS.
MARY : Oh ! Ne comptez pas sur
moi pour me marier et avoir des enfants.
LUCY : Moi, oui. Mais je ferai
en sorte d’avoir un travail qui me permet de me payer une bonne pour faire tous
les trucs dégoûtants. Oooh !
ANNIE ARRIVE ET ENTEND LA
DISCUSSION.
MARY : Ah oui. Qui ?
LUCY : Tu l’as entendu. Maman
adore tenir une maison. Je l’engagerai peut-être si elle n’est pas trop vieille.
ANNIE : Tu n’as rien compris.
Si j’aime faire tous ces trucs dégoûtants, c’est parce que je vous aime.
ELLE SOURIT ET ENSUITE,
ENLEVE SON TABLIER.
MARY : Pourquoi t’enlèves ton
tablier ?
ANNIE : Parce que j’arrête et
parce que Rosie et moi, nous allons faire des courses.
MARY : Aaah ! Et nous, on est
censé faire quoi ?
ANNIE : Mais … vous prenez la
recette et vous faites des muffins. Sincèrement, je pense que ça devrait vous
apprendre à me respecter, ainsi que toutes les femmes au foyer de par le monde.
Sortez la dernière lessive, passez-la dans le sèche-linge et rangez le tout à sa
place … et pensez à faire le dîner.
ELLE S’APPRETE A PARTIR.
LUCY ET MARY SE REGARDENT D’UN AIR DESEMPARE.
MATT ET STEVE SONT SORTIS
POUR ALLER FAIRE DU BASE-BALL. LES VOILA TOUS LES DEUX SUR LE TERRAIN.
MATT : Ne quitte pas la balle
des yeux et pense à finir ton geste jusqu’au bout.
STEVE FRAPPE LA BALLE QUE
MATT LUI RENVOIE. CE DERNIER RIT ET PUIS, SE RETOURNE.
MATT (en s’approchant de
Steve) : Euh … joli ! Bon, il est temps de rentrer.
STEVE : Ouais.
IL S’INSTALLE DANS SA
CHAISE ROULANTE.
MATT (en faisant avancer la
chaise en courant) : Et c’est parti !
STEVE : (Rires)
Ouais ! (Rires)
MATT : Wow ! (Rires)
You-hou !
NELL ET EMORY SORTENT DE
LEUR VOITURE ET ERIC, DE LA SIENNE. EN LES VOYANT, MATT S’INQUIETE.
MATT (inquiet) : Ho ! Ho !
C’est l’heure du sermon.
STEVE : Ce n’est pas grave. On
avait fini l’entraînement. C’était génial, tu sais. Merci.
MATT : C’était génial pour moi
aussi, Steve. (Rapprochement)
PUIS, NELL ET EMORY
ARRIVENT SUR LE TERRAIN. NELL LE PREND DANS SES BRAS.
NELL : Oooh ! Nous étions si
inquiets, est-ce que ça va ?
STEVE : Super ! C’est le plus
beau jour de ma vie, maman. (Emory l’embrasse) J’aurais aimé que
vous soyez là.
EMORY : Moi aussi, j’aurais
aimé. Je suis désolé. (Il parle à son épouse) Il ne devrait pas
passer ses journées dans une chambre à l’hôpital.
NELL : Steve, j’ai eu si peur.
STEVE : Ca n’en vaut pas la
peine, maman. S’il te plaît, n’aie plus peur. Tout ira bien, peu importe ce qui
arrive. Si vous voulez me ramener là-bas, je suis d’accord. J’ai eu ma journée
de liberté. Mais je préférerais rentrer à la maison.
NELL (en soupirant) : Oooh !
ELLE LE PREND DANS SES
BRAS. MATT S’APPROCHE D’ERIC ET PREND SON MANTEAU.
MATT : Alors, tu n’as rien à me
dire ?
ERIC : Si j’avais quelque chose
à te dire, je le ferai.
MATT : Son médecin traitant a …
ERIC : Je sais, j’ai eu une
discussion avec lui. (On voit Steve en train d’embrasser sa maman)
Tu as pris un risque qui aurait pu avoir de graves conséquences. Je regrette de
ne pas avoir eu le courage de le prendre, ce risque. S’il était arrivé quelque
chose à Steve pendant qu’il était avec toi, qu’est-ce que t’aurais fait ?
MATT : Ah ! Je n’en sais trop
rien. Je l’aurais certainement ramené à l’hôpital. Et si j’avais été pris par le
temps, je pourrais le serrer fort dans mes bras pour être avec lui. S’il lui
était arrivé quelque chose, il aurait au moins vécu la journée de ses rêves. Il
va mourir, alors le moins qu’on puisse faire, c’est d’essayer de lui rendre la
vie plus heureuse, non ?
APRES UN MOMENT DE
SILENCE, ERIC PREND MATT DANS SES BRAS ET L’EMBRASSE. CE DERNIER SE MET À
SOUPIRER. STEVE SE RAPPROCHE D’EUX POUR LEUR PARLER.
STEVE (à Matt et Eric) : Ils me
ramènent à la maison. Je rentre chez moi.
MATT A FAIT DU BON
TRAVAIL. ERIC ET LUI EN SONT TRES CONTENTS.
LE SOIR APRES LE DINER,
ANNIE, ROSIE, MARY ET LUCY SE REUNISSENT DANS LA CUISINE. SIMON ARRIVE.
SIMON : (Soupir)
Est-ce que, par hasard, il y aurait autre chose à manger, dans cette maison, que
des muffins ?
MARY : Tu as mangé trois
hot-dogs au dîner.
SIMON : Maman ne fait jamais de
hot-dogs à dîner. Et si c’était le cas, elle n’aurait pas donné des chips à la
place des légumes. Ce n’est pas vrai, maman ?
ANNIE : Sûrement pas.
ROSIE CHUCHOTE À
L’OREILLE D’ANNIE.
ANNIE (tout bas) : Oui,
d’accord.
ROSIE (à Simon) : J’ai une
surprise pour toi.
SIMON : La seule surprise qui
me plairait, c’est Tick.
ROSIE LUI MONTRE UNE TRES
GRANDE BOITE CONTENANT CE SUPER HEROS. SIMON S’EN APPROCHE.
SIMON : Est-ce … c’est pour
moi ?
ROSIE : Oui.
SIMON : Où est-ce que tu l’as
eu ? Il est cinquante fois plus grand que dans le catalogue. (Annie
sourit, tandis que Simon sort Tick de sa boîte)
ROSIE : Je l’ai acheté au
centre commercial avec mes bénéfices et il me reste encore les dix dollars que
je voulais économiser.
SIMON : Je suis sûr qu’il y a
une morale à tirer de cette histoire, maman.
ROSIE : Je connais la morale.
C’est « exploite ta chance au maximum ». Ca signifie qu’il faut tirer profit de
toutes tes ressources.
SIMON : Ca, c’est sûr. (Il
la prend dans ses bras) Merci, Rosie.
ENTRETEMPS, ERIC PARLE A
MATT.
ERIC : Eh bien, je crois que tu
as perdu ton job, une fois encore.
MATT : Qui ça ? Moi ? Et toi,
qu’est-ce que tu vas faire, maintenant que tu n’as plus à me surveiller ?
ERIC : Mais je n’ai pas dit que
j’abandonnais cette activité. (Matt ricane) Je suis heureux que
t’aies enfin trouvé une occupation qui t’intéresse et dans laquelle tu excelles.
Tu pourrais travailler pour la Fondation Starlight ou l’association
Faites-un-vœu. Steve est un enfant parmi des millions qui ont besoin d’une
journée de rêve.
MATT : Ouais, je ferai bien du
bénévolat mais …
ERIC : Mais ?
MATT : Et il faudrait que je
trouve un job qui me permet de payer ce dont j’ai besoin.
ERIC : Bienvenue dans le monde
des adultes.
ERIC ET MATT ONT FINI DE
DISCUTER EN RENTRENT A LA MAISON.
Script
rédigé par Nadine, toute reproduction est
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